Au Forum régional de l’ITIE tenu à Lusaka, la Sentinelle des Ressources Naturelles a ramené le corridor de Lobito au centre des débats. Son Directeur exécutif, Jean-Pierre Okenda, a livré une analyse sans détour d’un projet ferroviaire et logistique devenu, à ses yeux, un véritable test pour l’intégration régionale en Afrique centrale.
Un axe minier… sous-exploité
Le corridor de Lobito, maillon essentiel pour l’exportation des minerais stratégiques de la région, peine encore à exprimer tout son potentiel. S’il est présenté comme une alternative crédible aux routes saturées menant vers l’océan Indien, Jean-Pierre Okenda estime qu’il reste entravé par plusieurs blocages structurels.
Quatre défis majeurs à relever
Le Directeur exécutif a mis en avant quatre enjeux déterminants :
- La déconnexion des priorités. Selon lui, le projet souffre d’un décalage entre les ambitions régionales, les stratégies nationales et les attentes des communautés locales. Une fragmentation qui menace l’harmonisation indispensable à toute intégration économique.
- Le déficit de transparence. Un terrain fertile pour les rumeurs, la spéculation et les incompréhensions entre acteurs. Pour Okenda, sans gouvernance ouverte, aucun corridor ne peut être durable.
- L’équité dans le partage des bénéfices. L’un des piliers les plus sensibles. Il plaide pour une redistribution équilibrée entre les pays concernés — condition sine qua non pour préserver la cohésion et renforcer la confiance mutuelle.
- La volonté politique. À ses yeux, le moteur de toute réussite. Difficile d’imaginer un partenariat régional efficace sans engagement clair, constant et assumé des dirigeants.
Un corridor à repenser au-delà du minier
Jean-Pierre Okenda interroge enfin la viabilité du corridor dans son format actuel, trop centré sur la logistique minière. Il défend un modèle élargi, intégrant : l’énergie, l’agriculture, la transformation locale, et la mobilité des citoyens.
Un repositionnement qui ferait du corridor de Lobito non pas une simple voie d’exportation, mais un véritable outil de développement économique intégré, capable d’impulser de nouvelles chaînes de valeur et d’améliorer la connectivité régionale.
Un enjeu politique et stratégique
Pour Jean-Pierre Okenda, l’avenir du corridor de Lobito dépasse largement la seule exploitation des ressources naturelles : il engage la vision régionale de l’Afrique centrale, sa capacité à coopérer et à créer un espace économique cohérent. Transparence, équité et leadership politique doivent en être les piliers.
Si ces conditions sont réunies, le corridor peut devenir bien plus qu’un axe ferroviaire : un levier stratégique pour une intégration régionale inclusive et durable.
Daniel Bawuna




