La province du Lualaba dans le sud de la République démocratique du Congo est réputée zone minière, grâce aux ressources minières principalement le cuivre et le cobalt. Cependant, malgré la richesse de ces ressources, les communautés locales impactées par les activités extractives ne semblent pas tirer bénéfices sur le plan socio-économique.
En effet, des accusations de non-respect des cahiers des charges sont portées à l’encontre de plusieurs compagnies minières opérant dans la province du Lualaba. Parmi ces entreprises figurent Kamoto Copper Company (KCC), Luilu Ressources et Metalkol.
Ces trois sociétés parmi tant d’autres, sont accusées de ne pas respecter leurs obligations envers les communautés locales. Cette situation a suscité une frustration latente au sein des communautés de Noah et de Tshamundenda, dans le secteur de Luilu, un épicentre de l’exploitation minière dans le territoire de Mutshatsha.
Ces deux communautés se retrouvent empêtrées dans un réseau de promesses non tenues et d’accords non respectés. Leurs espoirs de développement volent en éclats à cause de l’inaction des géants miniers Metalkol, Luilu Ressources et Kamoto Copper Company.
Des projets non réalisés
Les cahiers de charges, contrats méticuleusement élaborés entre les sociétés minières et les communautés locales, afin de répondre aux besoins sociaux de base, sont au coeur de leurs griefs. Ces accords, destinés à assurer une coexistence harmonieuse et une prosperité partagée entre elles et les opérateurs miniers sont devenus des témoignages d’engagements non réalisés.
A Tshamundenda par exemple, l’entreprise Metalkol, qui a des obligations sociales envers cette communauté d’environ 120.000 habitants, n’a réalisé que deux (2) de huit (8) projets qu’elle s’était engagée à entreprendre. Parmi ces huit projets, il s’agit notamment de la construction d’un centre de santé entièrement équipé, l’érection des étangs et le forage de puits d’eaux.
« Ils ont réalisé la construction du centre de santé qui reste inachevé jusque-là », a revelé Robert Kanyimbu, secretaire du chef du village de Tshamundenda. Et d’ajouter: « Dans le projet, il fallait construire, équiper et avoir l’ambulance et autres. Mais, jusque-là, il n’y a que l’infrastructure présentée qui n’est pas achevée. L’execution est à 30 pourcents seulement.»
Pourtant, selon le chronogramme auquel MINES.CD a eu accès, ces huit projets inscrits dans le cahier des charges, signé en 2020 entre Metalkol et la communauté locale de Tshamundenda, devraient etre réalisés dans un délai de deux ans, soit de 2021 à 2023. C’est un manquement attribué aux executants des projets que la société mise en cause a employé, notamment l’ONG Initiative Plus.
« Nous regrettons par rapport au premier cahier des charges qui n’est pas bien executé », a declaré le secretaire du chef du village, qui dénonce le fait que Metalkol a consulté un autre comité pour élaborer un deuxième cahier des charges au moment où le premier est en souffrance d’exécution.
Ces cris jamais entendus
A quelques mètres de cette localité, se trouve le village Noah qui est également consterné par le non respect des engagements pris dans les cahiers des charges entre sa communauté et deux sociétés minières.
Interrogés par notre rédaction, les représentants locaux ont jugé inexistantes les réalisations de Luilu Ressources et Kamoto Cooper Company dans cette localité. Autant que, les promesses de développement des infrastructures, d’accès à l’éducation de qualité ou encore d’emplois.
« Dans la réalisation de cahiers des charges, il n’y a que dans les cultures vivrières où on a déjà reçu de don de KCC et le reste à suivre », a expliqué Pascal Tshijika, membre du comité local de développement. « Pour Luilu ressources, aucune chose n’est faite ici chez nous à Noah à part le point d’eau réalisé dans le cadre de l’action sociale », a-t-il précisé.
Cependant, dans un long entretien que le Président du grand comité local de développement de 5 communautés dont Noah et Sapatelo, avec MINES.CD, Sylvain Kapend a attribué le retard enregistré dans les réalisations des projets inscrits dans les cahiers de charges, à la lenteur administrative observée au niveau du pouvoir public.
« De la signature du cahier des charges jusqu’à l’execution, il y a un long parcours qui rencontre malheureusement la lenteur administrative publique et on ne sait pas à quel niveau, ça traîne souvent », a-t-il fustigé.
Par ailleurs, lorsque MINES.CD a rencontré les villageois, leurs représentants locaux, ont rapporté les cris jamais entendus des populations riveraines. Ces habitants ont également dénoncé faire face aux effets néfastes de l’exploitation minière tels que la pollution de l’air observé au village Noah, près des installations de Luilu Ressources ou encore à la pollution des eaux de la rivière Luilu causée par KCC.
Pour la Rédaction
Saibe Kabila – Junior Ngandu – O. Mukinzi – Daniel B.