A Tshabula, un village situé dans le territoire de Mutshatsha, la délocalisation n’est pas la seule menace à laquelle font face les habitants depuis 2022. En effet, les cas de pollution des eaux ou encore de l’air, ont également été relevés par la communauté locale, qui s’est confiée à MINES CD.
Alors que le processus de délocalisation des habitants est en cours, en termes de compensation en numéraire, l’entreprise a proposé des faibles sommes d’indemnisations comparativement à d’autres communautés qui ont été déplacées dans les zones accueillant les activités minières des firmes étrangères dans la province du Lualaba.
Des biens sous évalués
Lorsque l’entreprise fixe une somme quelconque destinée à une personne en voie de délocalisation, celle-ci se retrouve toujours sans aucun moyen de recours : « ça signifie que si l’on vous dit que vous allez toucher 70.000 dollars américains, quels que soient tous les bruits que vous pouvez faire, l’entreprise ne va rien changer. Par contre, l’entreprise risque même de réduire ce montant », a expliqué Maître Donnat Kambola, Coordonateur de l’Initiative pour la Bonne Gouvernance et les Droits Humains (IBGDH).
C’est une stratégie forçant les habitants à accepter les sommes proposées sans tenir compte de toutes les dispositions prévues par la loi, que dénonce la communauté locale.
« Tous les biens ont été sous-évalués quand ils sont revenus pour la deuxième fois », a noté, pour sa part, Tshilay, un autre habitant, parlant du recensement. « Moi, j’ai 7 parcelles, ils sont venus, pour la première fois lors du recensement, arrêter les travaux de construction de maison que j’avais entrepris. A cause des intempéries durant les deux dernières années, les maisons se sont effondrées. Alors, ils ont dit qu’ils ne reconnaissaient plus les maisons, ni les parcelles », a-t-il témoigné.
Les risques sur la santé
La population, qui fustige un processus de délocalisation biaisé, a déjà constaté des cas de pollution atmosphérique, qui a été entraînée par des poussières uranifères présentes dans l’air, élevant, ainsi, le taux de mortalité infantile dans ce village.
Malgré l’absence des données officielles, les risques des activités minières sur la santé humaine restent quand-même dangereux, a déclaré un infirmier dans un centre de santé local. Les personnes adultes ont indiqué qu’ils souffraient de « toux excessive », probablement due à la présence des matières minérales dans l’air.
Les eaux ont également été touchées par l’exploitation minière de COMMUS dans cette localité. A titre d’exemple, selon la communauté locale, la rivière Kaïtende a disparu en 2016 à cause des remblais jetés sur son lit, indiquant que les eaux de la rivière Musonoie ont été polluées.
Le pouvoir public dénoncé
Dans le Lualaba, les communautés locales affirment que les autorités de la province, ne protègent ni leurs droits, ni leurs intérêts face aux multinationales exploitant les minerais dans la province.
« Au regard des nombreuses plaintes des communautés locales, je vais vous dire que ça soit au niveau national ou au niveau provincial, l’État se montre très impuissant. Il y a une absence de l’autorité de l’État dans le secteur des mines », a déploré Maître Donat Kambola de l’IBGDH.