Au courant de l’année 2023, la République démocratique du congo s’est classée deuxième en terme d’exportation de cuivre et de cobalt dans le monde. Ces statistiques ont été révélées par la banque centrale du congo(BCC). Mais alors, à qui profite les minerais de la RDC ? Décryptage.
Pour répondre à la question, MINES.CD s’est intéressé à la province minière du Lualaba, capitale mondiale du cobalt, en même temps le « poumon » de l’industrie minière dans le pays. Localisée dans l’ex Katanga, cette région est riche en cuivre et cobalt, des minerais exploités par multinationales telles que Sicomines, Commus, Mutanda Mining, KCC, Kamoa, Tenke Fungurume Mining, Metalkol, Ruashi Mining, etc.
A qui profite les minerais de la RDC ?
Lorsque ces géants de l’industrie minière se sont installés dans la province, la lueur d’espoir était d’améliorer les conditions de vie des communautés locales, en créant notamment d’emplois pour les jeunes ainsi booster l’économie locale. Mais, près de deux décennies plus tard, les autochtones, forcés très souvent aux déplacements, affirment n’avoir rien obtenu de l’exploitation minière. Leur seul héritage, c’est sera des trois laissés après extraction des minerais.
« Chaque fois qu’il y a une activité, il y a un autre mode de vie qui commence », a fait remarquer Maître Donat Kambola, Coordonateur de l’IBDH, une association des droits humains dans le secteur des ressources naturelles.
« Premièrement, les communautés perdent leurs terres arables et une forme d’artisanat minier se développe », a-t-il dit.
Assises sur des immenses ressources minérales, les populations sont encore loin de connaître le développement tant attendu. Elles croupissent, par contre dans la misère, une situation accentuée par les impacts négatifs de l’exploitation minière sur le plan environnemental avec des cas de pollution de l’air, de la terre et des eaux, qui sont légions.
« L’exploitation minière ne profite pas directement aux communautés impactées par les activités minières », a estimé pour sa part Léonard Zama, président de l’IPDHOR, une organisation des droits de l’homme. « La plupart du temps, ça profite aux dirigeants, soit aux enfants des dirigeants; c’est bénéfique à une équipe restreinte d’individus qui profitent des dividendes au mépris de toute la communauté», a-t-il déploré.
Où va la redevance minière ?
La contribution de l’industrie minière au développement local reste encore très faible malgré la réalisation de quelques infrastructures de base, notamment la construction des écoles ou encore des centres hospitaliers dans la province, selon la société civile du Lualaba interrogée sur cette question par MINES.CD.
« Déjà au niveau provincial, il est difficile d’évaluer les réalisations en terme de développement réalisé grâce aux revenus miniers. Et ce, malgré la perception de 25% de la redevance minière, les revenus de la taxe sur la voirie, les revenus de la taxe sur le concentré et tant d’autres», a ajouté Me Donat Kambola, tout en expliquant que l’Etat congolais manque de vision dans le secteur des mines en général.
Les pratiques de corruption dans l’utilisation des revenus issus du secteur minier et la mauvaise gestion, tant décriée par la société civile, maintiennent les populations dans la pauvreté, pourtant dans la province, le coût social est extrement coûteux.
« Comment expliquer qu’au temps de la Gécamines, la vie sociale dans le Grand Katanga était florissante ? », s’est interrogée la société civile. « Nos ressources minérales sont mal exploitées, voilà pourquoi ça ne profite pas à nous, populations. Le secteur minier nous a apporté énormément de problèmes», a poursuivi la même source.
En République démocratique du Congo, plusieurs voix se sont levées pour réclamer une meilleure redistribution des richesses générées par l’exploitation minière, qui ne profitent visiblement pas aux communautés locales qui accueillent les activités industrielles, mais bien au contraire à une poignée de gens.