Une manifestation pacifique organisée par des habitants de Kisankala, dans le territoire de Lubudi, province du Lualaba, pour dénoncer le pillage présumé de la concession minière de COMIDE, a été violemment dispersée par des éléments des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), dont la présence sur le site soulève des interrogations.
Depuis plusieurs mois, la population locale dénonce une exploitation minière illégale, mécanisée et intensive, qu’elle attribue à des opérateurs étrangers, notamment chinois et libanais. Selon les manifestants, cette activité, qui se déroulerait sans cadre légal clair, les prive de leurs droits à l’emploi, à la sécurité et au développement local, tout en instaurant un climat de harcèlement et d’intimidation.
Une manifestation pacifique qui vire à la violence

Le vendredi 11 juillet, plus de 150 personnes, issues notamment des mouvements citoyens et des organisations de la société civile, ont pris part à un rassemblement pacifique. Brandissant des banderoles et scandant des slogans tels que « Libérez la concession COMIDE des opérateurs illégaux chinois et libanais sans condition ! », les manifestants espéraient alerter les autorités sur la situation jugée préoccupante.
Mais la manifestation a été violemment dispersée par les militaires, entraînant au moins un blessé grave, évacué à l’hôpital local. Ce recours à la force suscite l’indignation des organisations locales.
« Des plaintes officielles et des pétitions dénonçant l’inaction des institutions de l’État ont été transmises au gouvernement, mais rien ne change. La concession est toujours occupée illégalement. Comment pouvons-nous espérer un emploi dans ces conditions ? » déplore un jeune manifestant.
Une concession sous tension malgré les engagements sociaux

La Compagnie Minière de Développement (COMIDE), détenue majoritairement par Eurasian Resources Group (ERG), est actuellement en phase de développement et n’a pas encore démarré ses activités de production. En 2023, elle avait pourtant signé un Cahier des charges avec les communautés locales, s’engageant à soutenir des projets d’infrastructure, d’accès à l’eau et de développement agricole.
Mais pour la population, l’occupation illégale du site compromet les retombées attendues :
« Nous voulons que COMIDE opère légalement. C’est seulement dans ces conditions que les communautés locales peuvent bénéficier de l’emploi et du développement promis », soutient un autre habitant de Kisankala.
Jusqu’à ce jour, aucune réaction officielle n’a été enregistrée, ni du côté des autorités provinciales du Lualaba, ni du gouvernement central. Ce silence alimente la frustration des manifestants, qui réclament désormais une enquête indépendante sur la situation, ainsi que l’implication personnelle du Président de la République pour rétablir l’ordre, faire respecter la loi et protéger les droits des communautés.