Alors que les opérations militaires se poursuivent contre les terroristes islamistes ADF dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu, des voix s’élèvent pour dénoncer l’exploitation illégale de minerais par des milices locales. La société civile du secteur de Bapere a révélé, jeudi 4 septembre 2025, que certains groupes armés tirent profit des sites miniers échappant au contrôle de l’État.
Le cas du site de Botambisi sous contrôle d’une milice
Selon Samuel Kakule Kaheni, président de la société civile de Bapere, la milice NDC-Rénové exploite illégalement le site de Botambisi, interdisant l’accès aux services officiels.
« L’administration des Mines n’y arrive pas. Les creuseurs sont gérés par le groupe armé NDC-Rénové. Tous les services qui devraient contrôler le site – Saemape, administration des Mines – sont empêchés d’y accéder », a-t-il affirmé.
Outre Botambisi, plusieurs autres sites miniers sont abandonnés par les coopératives locales à cause de l’insécurité. Une situation qui rend impossible toute vérification : « personne ne connaît avec exactitude qui exploite ces sites, car l’accès est interdit », souligne Kaheni.
Pour la société civile, l’exploitation des minerais par les groupes armés contribue directement à l’enlisement de la crise sécuritaire dans la région.
« Ces minerais financent les activités des milices et renforcent l’instabilité.
L’exploitation illégale ne fait qu’aggraver la crise », insiste le président de la société civile locale.
Une traçabilité compromise
Au-delà de l’exploitation illicite, c’est la traçabilité des minerais qui inquiète. Les filières échappant aux services étatiques, il devient difficile d’identifier les circuits d’écoulement.
« Nous ne savons pas qui achète ces minerais. Les services de l’État sont totalement écartés du processus », regrette Samuel Kaheni.
Face à ces dérives, la société civile plaide pour une reprise en main du secteur par l’État congolais. L’objectif : non seulement garantir le respect des normes minières, mais aussi faire en sorte que les ressources locales profitent aux communautés plutôt qu’aux groupes armés.
Azarias Mokonzi