Comment améliorer la transparence et la redevabilité dans la gestion des revenus issus du cuivre et du cobalt au niveau local ? Cette question a été au centre d’une matinée d’échanges organisée ce jeudi 13 novembre 2025 à Lubumbashi, par le Centre de recherche en finances publiques et développement local (CREFDL), le Centre national d’appui au développement et à la participation populaire (CENADEP), en collaboration avec le Centre Carter.
Placée sous le thème : « Le contrôle et son impact sur la qualité de la dépense publique au niveau local », cette rencontre a réuni experts, élus provinciaux, représentants du gouvernement et acteurs de la société civile. Elle s’inscrit dans le cadre du projet « Démocratisation de la gouvernance du secteur extractif en RDC par le contrôle et la participation citoyenne », soutenu par l’Union Européenne.
L’objectif, selon les organisateurs, est de mettre en place un cadre local de dialogue permanent pour renforcer la gouvernance financière dans un contexte où la RDC poursuit la mise en œuvre du principe de libre administration des provinces et entités territoriales décentralisées (ETD), conformément aux articles 2 et 3 de la Constitution.
Vers une gouvernance locale plus transparente
Dans son intervention, Fabien Mayani, directeur du programme de gouvernance des industries extractives au Centre Carter, a salué ce premier cadre de concertation entre autorités locales et société civile.
« Ces échanges doivent permettre de résoudre les problèmes partagés au niveau local et de formuler des recommandations concrètes pour optimiser la gestion financière publique, notamment sur la collecte des revenus issus du cuivre et du cobalt », a-t-il déclaré.
Un système déclaratif encore fragile
Les discussions du deuxième panel, consacré au suivi des revenus infranationaux par les citoyens, ont mis en lumière les failles du système déclaratif utilisé pour collecter les recettes minières locales.
Dirigé par Nicole Mandesi, membre du Centre Carter, le panel a souligné l’absence de contre-vérification efficace des chiffres fournis par les entreprises minières.
Certains agents des services d’assiette, affectés dans ces entreprises, « manquent de rigueur et de transparence sur les quantités exportées », entraînant parfois la falsification des données et la sous-estimation des volumes déclarés.
Les intervenants ont également évoqué le manque de coordination entre les services techniques (Division des Mines, DGRAD, etc.) et les entités territoriales décentralisées (ETD) bénéficiaires de la redevance minière, ce qui limite la mobilisation des revenus infranationaux.
Des retards et des dysfonctionnements persistants
Les travaux ont aussi mis en évidence le retard dans l’installation des organismes chargés du suivi budgétaire local, ainsi que les difficultés liées à la perception des dotations minimales.
Le dysfonctionnement du pont bascule — censé faciliter la vérification des quantités de minerais exportés — a été pointé comme un autre frein majeur à la transparence.
Des recommandations fortes pour un meilleur contrôle
Au terme des échanges, les participants ont formulé plusieurs recommandations, notamment :
•™Renforcer les capacités techniques et administratives de l’administration fiscale, aussi bien au niveau provincial que local ;
- Digitaliser les services afin d’améliorer la collecte et le suivi des recettes ;
- Mettre en place des régies financières locales pour permettre aux ETD d’assurer leur propre mobilisation des revenus ;
- Assurer la coordination entre services d’assiette et de perception à travers un cadre permanent d’échange d’informations ;
- Renforcer l’éthique et la transparence des agents affectés auprès des entreprises minières.
Ces propositions devraient, selon les experts, contribuer à une meilleure gouvernance des ressources issues du cuivre et du cobalt, deux piliers de l’économie du Haut-Katanga et du Lualaba.
La Rédaction




