Située au sud de la République démocratique du Congo, la province riche en cobalt et cuivre, le Lualaba, est de plus en plus convoitée par les membres de la famille du Président Tshisekedi. En plus des suspicions qui entachent déjà l’image de la galaxie Tshisekedi, l’arrivée – ce mardi 8 août – du frère ainé du Président tend à donner sens à ce qui se raconte déjà.
Si jusqu’à présent aucune preuve matérielle retrace le niveau de pénétration de cette famille dans le secteur minier congolais, le rôle des Tshisekedi – en particulier des frères Thierry, Christian et Robert Tshisekedi – dans l’exploitation minière est régulièrement mentionné dans bien de dossiers. Sans compter des « investisseurs » qui se revendiquent proches de la famille.
Dans un contexte de présence invisible de la famille Tshisekedi dans les mines, Isabelle Kibassa, femme de Jean-Claude Tshisekedi – frère aîné du Président – veut devenir gouverneure du Lualaba. Elle a même déjà installé son QG à Kolwezi, capitale mondiale du cobalt. Pour légitimer cette ambition, Jean-Claude Tshisekedi a fait le déplacement de Kolwezi ce mardi 8 août. Au pieds de l’avion, Mme Isabelle Kibassa (son épouse) et quelques individus avec insignes du parti au pouvoir.
De nationalité belge et fille d’un des cofondateurs du parti au pouvoir (UDPS), Isabelle Kibassa-Maliba veut remplacer Fifi Masuka à la tête de cette riche province. Députée provinciale PS (membre de l’exécutif provincial) du Brabant wallon depuis 2012, mandat renouvelé en 2018 avant de démissionner en 2021 pour des « raisons personnelles », elle est depuis politiquement active en RDC.
Même « Maman Marthe » ?
En juin dernier, l’Inspection générale des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) a enquêté sur les commanditaires des creuseurs actifs sur les permis miniers du groupe kazakh ERG.
Selon le compte rendu de la société ERG cité par Africa Intelligence, il a été révélé que ces différentes auditions sur place « ont fait apparaître les noms d’éminents membres de la famille présidentielle », mais également une coopérative qui appartiendrait à la gouverneure par intérim de la province du Lualaba, Fifi Masuka Saina.
Ladite source a expliqué qu’une rencontre prévue entre le Président directeur général d’ERG, Benedikt Sobotka, et le Président de la RDC, Félix Tshisekedi n’a pas eu lieu, faute aux vagues de creuseurs qui ont déferlé depuis plusieurs mois sur la zone du PE 591, et qui opéreraient avec la protection des éléments des FARDC, issus du 622ème bataillon QG, de la 22ème région militaire.
« Cette collusion avec l’armée, ainsi que des soupçons de corruption à l’égard de la hiérarchie militaire sur place, ont conduit le groupe kazakh à se tourner vers le ministère de la Défense, pour solliciter l’appui de l’Inspection générale des FARDC », a indiqué Africa Intelligence.
Selon ce document d’ERG, consulté par ce média français, lors de la descente sur le site de l’Inspection générale des FARDC, et à laquelle des représentants du groupe minier ont assisté, le nom de la très influente mère du Président est cité nommément par un des creuseurs sur place.
« Le document en question fait apparaître le rôle d’une personnalité aussi sensible que symbolique : « Maman Marthe », la mère du président Félix Tshisekedi », a indiqué Africa Intelligence, tout en expliquant que ce qu’a été affirmé aux militaires par le coordonnateur des creuseurs, Franck Kabamba, en déclarant que « la concession appartient à Maman Marthe ».
« Le même homme, qui aurait participé à la séquestration d’un magistrat venu de Kolwezi pour enquêter sur place, note également que Thierry Tshisekedi, le frère du président, supervise l’exploitation des minerais dans la zone », a renchéri la même source.
Cette commission d’enquête envoyée à la zone de Kalukundile le 16 juin dernier, était chapeautée par le général-major Charles Muhindo Akili Mundos, celui-ci était secondé par onze officiers de l’armée, dont les généraux de brigade Patrick Mbayo Ngoy, Pero Minengo et Kyalandja Kingombe.
Rédaction