La République démocratique du Congo (RDC), détentrice du plus grand gisement de lithium connu à Manono, dans la province du Tanganyika, risque de reproduire les dérives déjà observées dans les secteurs du cuivre et du cobalt, faute de transparence accrue. C’est l’alerte lancée par l’organisation Resource Matters, dans un rapport consulté ce mardi 9 décembre 2025 par Mines.cd, qui met en évidence neuf messages clés pour dénoncer les pratiques opaques et les soupçons de corruption entourant ce projet stratégique.
Des signaux alarmants dans le secteur naissant du lithium en RDC
Resource Matters, ONG basée à Bruxelles et Kinshasa, spécialisée dans la gouvernance des ressources naturelles, souligne que le projet lithium de Manono — pourtant considéré comme un maillon clé de la chaîne mondiale des batteries — est actuellement paralysé par un litige juridique opposant AVZ Minerals à la Cominière. Ce blocage pénalise les communautés locales et freine le développement du projet.
L’organisation déplore l’absence de publication de plusieurs contrats publics et pointe des paiements suspects, notamment un transfert de 70 millions USD de la société chinoise Zijin à une ONG liée à des réseaux politiques congolais, alimentant de sérieuses inquiétudes sur la gouvernance du projet.
Manono au cœur d’un bras de fer géopolitique entre la Chine et les États-Unis
Alors que les intérêts américains s’intensifient via un récent partenariat minier avec Kinshasa, les entreprises chinoises comme Zijin renforcent leur ancrage. Dans ce contexte tendu, plusieurs entités liées à des personnalités politiques congolaises influentes — telles que Simon Cong et Moïse Kabila, proches du président Félix Tshisekedi — sont citées pour leur rôle dans les transactions. Des permis miniers sont octroyés à une vitesse inhabituelle, souvent sans qu’aucune étude d’impact environnemental ne soit rendue publique.
L’État congolais perd au change
L’Inspection Générale des Finances (IGF) estime à plus de 120 millions USD la perte subie par l’État congolais dans ce dossier, notamment à cause de la sous-évaluation d’actifs publics et de la cession de parts de la Cominière à des prix dérisoires.
Ces pratiques douteuses, combinées à une multiplication d’arbitrages juridiques, créent un climat d’insécurité pour les investisseurs et freinent tout développement durable du projet.
Un appel urgent à un changement de cap
Resource Matters plaide pour un « reset » : publication immédiate des contrats, respect rigoureux du Code minier et lutte accrue contre la corruption. Sans cela, la RDC risque une fois de plus de voir sa richesse minière bradée, au détriment de sa population.La transparence est la seule voie pour faire de Manono un levier de développement durable.
Daniel Bawuna




