Dans la province du Haut-Katanga, l’ambitieux projet minier de Kipushi Corporation (Kico), une firme canadienne d’Ivanhoe Mines, ne semble pas profiter à la cité Gécamines alors que les promesses de « faire renaître ce centre urbain » avaient séduites la population.
Lorsqu’en août 2022, cette entreprise minière a lancé ses activités pour la production du zinc, minerai couramment utilisé dans plusieurs domaines dont l’industrie automobile, la population locale a ravivé ses espoirs pour la « renaissance » de la cité minière de Kipushi. Mais à quelques mois de l’entrée en phase de production de cette entreprise, les promesses de création d’emplois – surtout pour les autochtones – de l’impulsion de l’économie locale notamment en agriculture pour l’autosuffisance alimentaire de cette entité, « n’ont jamais été tenues », ont renseigné des sources locales à MINES.CD.
Selon l’un des responsables de l’entité territoriale ayant requis l’anonymat, Kipushi ne bénéficie pas « réellement » des activités de Kico notamment en ce qui concerne les retombées économiques : « On s’attendait à ce que cela puisse réellement démarrer les activités dans tous les secteurs comme ce fut le cas avec Gécamines […] Quand on regarde, il y a une volonté, mais ce n’est pas suffisant », a-t-il fait savoir tout en indiquant que malgré quelques actions sociales, la cité est loin de connaître une renaissance.
« Il faut être dans un circuit pour avoir le travail »
La création d’emplois est l’un des objectifs que Kico voulait atteindre à ses débuts. Pourtant, selon la population, rien n’a jamais été fait, et pour être embauché par l’entreprise, il faudrait « nécessairement être dans un circuit » boosté par quelques dirigeants des communautés locales, entraînant ainsi les habitants dans la pauvreté.
« Les gens engagés sont seulement leurs frères, leurs connaissances. Nous, on ne nous engage pas », déplore une mère de famille de 11 enfants, travaillant dans un site d’extraction des graviers à côté des usines de production de Kico. Cette femme prend en charge une « famille nombreuse », avec des revenus insuffisants, elle peine à joindre les deux bouts du mois.
« J’ai un enfant en 6ème secondaire, il y a beaucoup à acheter pour qu’il fasse bien ses études. Depuis que Kico nous a chassé de là où on travaillait avant, ma production a baissé et donc, ça devient difficile de tout gérer », a-t-elle témoigné.
Selon les révélations des habitants, le travail est donné dans cette entreprise en fonction de quota :« Lorsque Kico lance les offres, on constate que ces offres sont fantaisistes, en réalité, il y a des gens qui ont déjà ces postes […] on engage que ceux qui viennent d’ailleurs avec le système de quota », a fait remarquer maître Joe, un cadre de la société civile.
Entre 2022 et 2023, des pressions avaient été menées contre l’entreprise ce qui avait conduit à l’embauche de quelques habitants dans les tous travaux mais au final, l’échantillon de représentativité des autochtones demeure faible.
D’une part, la flamme de l’espoir de « renaissance » n’est pas totalement éteinte dans la population, à l’approche de la production de zinc sous forme de concentré par Kico, qui peut exiger une main d’oeuvre suffisante.
« Je pense que les enfants de Kipushi seront représentés dans les sous-traitants voire chez Kico […] on peut tuer le projet si le seul facteur d’être embauché est d’être de kipushi », a estimé Isidore Mulangu, un acteur politique qui prévient tout de même que « le monde minier demande une compétence ».
D’autre part, les habitants de la cité minière reconnaissent que l’entreprise ne va pas « donner du travail à tout le monde ». Ils attendent désormais que le projet minier « profite réellement à la population », comme le rappelle maître Joe : « Il faut pousser, continuer à mettre la pression pour vu que Kipushi puisse renaître afin que les autochtones en profitent ».