Connue pour ses multiples richesses en tantale, coltan et d’autres minerais importants, la mine de Rubaya située dans la province du Nord-Kivu à l’Est de la République Démocratique du Congo, est encore une fois en phase de passer entre les mains des terroristes du M23. Convoitée par les sociétés étrangères qui tentent d’échapper aux fiscs ou refusant de restaurer l’écosystème après exploitation, Rubaya devient de plus en plus une proie pour les groupes armés.
La nouvelle est tombée dans l’avant-midi de ce jeudi 07 décembre. Après plus ou moins trois tentatives d’invasion recalées par les Forces armées congolaises, les terroristes du M23 – soutenus par les éléments de l’armée rwandaise [RDF] – ont réussi à s’emparer de la « stratégique » cité de Mushaki.
Comme en février 2023, lors de la première prise de Mushaki, le contrôle de cette localité nord-kivutienne a toujours rimé avec le libre accès aux précieux carrés miniers situés à Rubaya.
La spécificité de la cité de Rubaya – comptant plus de 100.000 habitants – est qu’elle abrite plusieurs industries d’exploitation en grande quantité des minerais stannifères dont le coltan, le tantale et le manganèse, dans la partie Est de la République démocratique du Congo.
« En ce moment, les rebelles avancent vers la colline de Muremure pour tenter de couper la route Sake-Minova dans le village de Kirotche. Il s’agit d’une manière d’isoler complètement la ville de Goma du reste du pays sauf le lac Kivu au Sud de la ville », ont confirmé deux professionnels des médias.
Un scénario qui se répète
Après deux jours d’intenses combats, le tandem M23-RDF s’emparait de la cité « stratégique » de Rubaya dans le Masisi, le 26 février 2023, alors que les rebelles étaient censés entamer deux jours plus tard, leur retrait des zones sous occupation, conformément aux résolutions des Chefs d’État de l’EAC.
Cette prise de Rubaya par le M23, toujours soutenu par l’armée rwandaise, intervenait aussi quelques jours seulement après celle de la cité de Mushaki qui donnait accès à plusieurs autres cités, villes et territoires du Nord-Kivu.
Le même modus operandi avait été utilisé par les M23 pour occuper les différents tronçons et grandes artères. Il y a dix mois, le tandem M23-RDF prenait le contrôle de la route principale Sake-Masisi, qui traverse la cité Mushaki, coupant ainsi la route qui mène vers le centre du territoire de Masisi et menaçant au passage la route entre Sake et Minova située sur la route nationale numéro deux.
Rubaya ou la mine du sang ?
En décembre 2022, l’Association des volontaires pour la paix et le développement communautaire (AVOPADECO), dénonçait l’insécurité qui régnait autour de la zone minière de Rubaya. Selon cette organisation de la société civile, cette insécurité était caractérisée par des tueries et agressions armées contre la population dans l’agglomération de Rubaya.
« La population se faisait agresser et massacrer par des hommes armés non autrement identifiés, plus souvent à des heures de circulation habituelles », dénonçait un habitant de cette partie de la République, qui avait également fait savoir que des violations des droits de l’Homme sont commis de manière récurrente par des « inciviques » mais aussi par les services de sécurité.