Face à l’ampleur de la fraude et de la contrebande minière dans la province du Nord-Kivu, le gouverneur militaire Evariste Somo Kakule, a convoqué un forum de haut niveau axé sur la gouvernance du secteur minier. Objectif : poser un diagnostic clair et proposer des solutions concrètes pour que les richesses de la province cessent d’échapper au contrôle de l’État.
Autour d’une même table, membres du gouvernement provincial, députés, responsables de l’administration minière, opérateurs économiques et services étatiques ont partagé constats, pistes et recommandations pour mieux encadrer un secteur aussi stratégique que déstructuré.
Des minerais qui échappent au fisc
Dans son allocution d’ouverture, le gouverneur militaire a tiré la sonnette d’alarme :
« Le secteur minier est porteur d’espoir pour une économie frontalière comme la nôtre. Mais il reste l’un des plus désorganisés, notamment en ce qui concerne l’exploitation artisanale. Plusieurs produits miniers échappent totalement au contrôle de l’État », peut-on lire dans le compte-rendu final des assises.
Le tableau dressé lors de ce forum est qualifié de « sombre et alarmant » : absence de traçabilité, services publics désorganisés, opérateurs informels incontrôlés, perte massive de recettes pour le Trésor public.
Vers une politique minière provinciale
Parmi les résolutions fortes issues de cette rencontre figurent :
- L’élaboration d’un plan stratégique provincial pour structurer la gouvernance minière ;
- La création d’une société provinciale des mines et d’un équivalent local du cadastre minier ;
- Le renforcement des services publics opérant dans le secteur ;
- L’identification systématique des négociants et des acteurs de l’artisanat minier ;
- La mise en place d’un mécanisme local de traçabilité, avec appui aux initiatives existantes, notamment pour l’or ;
- L’harmonisation des prix d’achat de minerais sur l’ensemble de la province.
Appel à la responsabilité des opérateurs
Les participants ont aussi interpellé les opérateurs miniers : au respect strict du Code minier, au développement d’une culture fiscale, à la collaboration avec les services habilités pour signaler les cas de fraude, et la contribution au développement socioéconomique local.
Ce forum marque un tournant dans la gouvernance minière au Nord-Kivu. Dans une province où les dividendes du secteur échappent depuis trop longtemps aux circuits officiels, cette démarche pourrait annoncer un nouvel élan si les recommandations sont mises en œuvre avec rigueur.
Azarias Mokonzi