Le clan présidentiel congolais est confronté à une tempête politico-judiciaire en Belgique, où une enquête approfondie est en cours sur le pillage présumé des mines katangaises et le blanchiment d’argent impliquant la famille Tshisekedi.
Depuis le dépôt de plainte par plusieurs ONG katangaises et quatre anciens dirigeants de la Gécamines, les magistrats belges ont intensifié leurs investigations. Ils ont notamment exigé l’accès à l’historique complet des comptes bancaires de la première dame, Denise Nyakeru, ainsi que de plusieurs enfants et frères du président Tshisekedi, tous détenteurs de la nationalité belge, selon la plainte.
Cette initiative s’inscrit dans une vaste enquête portant sur des accusations de « pillage et prédation » des ressources minières, auxquelles s’ajoutent la corruption, le détournement de fonds publics et le blanchiment d’argent transfrontalier.
Pour dire, les enquêteurs soupçonnent des circuits financiers opaques permettant des investissements incompatibles avec les revenus déclarés, caractéristiques d’un véritable système mafieux orchestré par des personnalités proches du pouvoir.
Au cœur de l’affaire : la région minière katangaise
Dans la région de l’ex-Katanga, en RDC, l’exploitation illégale de cuivre et de cobalt sur les concessions du groupe kazakh Eurasian Resources Group (ERG) a atteint un niveau quasi industriel, générant des revenus illégaux proches de 2 milliards de dollars par an.
Cette situation cause d’importantes pertes à ERG, à hauteur de 150 millions de dollars par mois. L’exploitation illégale est largement protégée et orchestrée par des réseaux informels mêlant forces de sécurité, acteurs politiques provinciaux, hauts responsables militaires et membres de la famille présidentielle.
Selon l’enquête, un « cartel libanais » et un « cartel chinois » sont identifiés comme les principaux opérateurs de cette exploitation frauduleuse, utilisant un mélange d’opérateurs locaux et étrangers, de coopératives artisanales et de sociétés sous-traitantes pour contrôler la production et la commercialisation des minerais.
Cependant, face à la pression judiciaire, les membres du clan Tshisekedi réclament, preuves à l’appui, la démonstration des faits reprochés. Jacques Tshisekedi, frère du président, dénonce fermement des allégations « mensongères » et pointe l’instrumentalisation des ONG impliquées, présentées comme proches de l’ancien président Joseph Kabila.
Une affaire aux ramifications politiques
Cette affaire ne se limite pas au volet judiciaire. Elle révèle des tensions profondes entre le régime Tshisekedi et le clan Kabila, accusé par le pouvoir actuel de soutenir la rébellion du M23 pour déstabiliser les institutions et poursuivre le pillage des minerais de l’Est de la RDC.
Ce bras de fer prend une dimension sociale, politique et diplomatique, illustrant la complexité des enjeux autour de la gestion et de la prédation des ressources minières congolaises.
En somme, l’issue de cette enquête judiciaire belge, qui cible directement la famille présidentielle, pourrait constituer un tournant majeur dans la lutte contre la criminalité financière et pour la transparence autour des minerais stratégiques du Katanga.




