Le nouveau gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), André Wameso, mise sur les ressources minières pour restaurer la confiance dans le franc congolais et réduire la dépendance du pays au dollar américain.
En République démocratique du Congo, l’essentiel des recettes d’exportation provient du cuivre, du cobalt, du pétrole et de l’or. Mais ces revenus sont presque entièrement libellés en dollars, ce qui alimente la dollarisation de l’économie et affaiblit la monnaie nationale.
« Si l’économie est si dollarisée, c’est parce que nous importons presque tout ce que nous consommons », explique André Wameso dans un entretien avec Bloomberg. Il insiste sur la nécessité de « créer tout un écosystème financier » capable de soutenir le franc congolais à travers une meilleure valorisation des ressources naturelles.
L’or, levier de souveraineté monétaire
Parmi les priorités, le gouverneur de la BCC, veut s’appuyer sur les gisements aurifères de l’Est du pays, longtemps associés à la contrebande et aux conflits armés. Il révèle avoir engagé des discussions préliminaires avec des partenaires pour la construction d’une raffinerie d’or à Kinshasa.
L’objectif : transformer localement une partie de cette richesse afin d’accroître les réserves de change et consolider la monnaie nationale.
« L’or – heureusement – nous l’avons sous nos pieds », souligne-t-il, confiant dans la capacité du pays à tirer parti de ce métal précieux.
Vers un marché des capitaux en francs congolais
Au-delà de l’or, André Wameso envisage le développement d’instruments financiers liés aux revenus miniers, notamment des obligations en monnaie locale. Ces titres devraient inciter les ménages et les entreprises à investir en francs congolais, tout en diversifiant les sources de financement de l’État et du secteur privé.
« Nous pouvons commencer par les prêts hypothécaires, mais à terme, ce marché des capitaux pourra également permettre l’émission d’obligations en francs pour les entreprises », précise-t-il.
Alors que le franc congolais reste proche de son plus bas historique, le nouveau gouverneur de la BCC fait le pari de transformer la richesse minière du pays – et particulièrement l’or – en pilier d’une monnaie nationale plus forte et crédible.
Pierre Kabakila