Le bras de fer entre la société minière étatique, GECAMINES et le géant chinois CMOC, après plusieurs mois de différend sur la question relative au dossier du « paiement des redevances minières » de l’opération de Tenke Fungurume, a finalement connu une issue après un accord trouvé par les deux parties cette semaine.
Cependant, la longue durée de ce différend semble désormais sur le point de donner accès au marché à un énorme stock de cobalt.
Détenu majoritairement par l’entreprise minière chinoise, CMOC, qui représente les 80% des parts, et à 20% par la GECAMINES, Tenke Fungurume a continué à produire la batterie et le métal aérospatial après le retrait de ses permis d’exportation, il y a 9 mois.
Selon Benchmark Source, il faudra un an ou plus pour éliminer les stocks d’au moins 16 000 tonnes d’hydroxyde de cobalt, qui sont susceptibles d’exercer une pression supplémentaire sur les prix du cobalt déjà en baisse de 75 % depuis le pic d’il y a un an pour se négocier en dessous de 20 000 dollars américains l’an.
« D’une part, ce tsunami de produits en attente a déjà été intégré dans les prix baissiers d’aujourd’hui », déclarait le responsable des prix, des données et des indices chez Benchmark, Daniel Fletcher-Manuel, tout en indiquant que cependant, « une nouvelle érosion des prix au cours du deuxième trimestre est probable », car les fournisseurs se précipitent pour décharger le tonnage avant que CMOC ne reprenne complètement les exportations.
Le chinois CMOC a développé Tenke Fungurume, qui est à ce jour responsable d’environ 15% de la production mondiale, et s’attend à ce que les tonnes supplémentaires arrivent sur les marchés cette année en plus des stocks libérés. La République démocratique du Congo pour sa part produit plus de 70% du cobalt mondial et l’exploitation minière à l’intérieur du pays dans des provinces, est fortement dominée par des entreprises chinoises.
Benchmark Mineral Intelligence Cobalt Price Assessment s’attend à ce que le marché du cobalt soit excédentaire au cours des trois prochaines années, la production mondiale annuelle dépassant 250 000 tonnes d’ici 2025, avant qu’un déficit faible mais croissant n’apparaisse jusqu’en 2030.
Pour rappel, à en croire les informations relayées par le média américain Bloomberg, la GECAMINES et la CMOC sont parvenues à un « consensus sur la question des redevances minières », au cœur du différend qui oppose depuis juillet 2022 les deux actionnaires de la mine.
Selon l’entreprise minière étatique congolaise, le géant chinois CMOC avait « volontairement sous-estimé les réserves minérales du projet afin de payer moins de redevances, et lui devrait jusqu’à 7,6 milliards de dollars américains ». Et malgré le fait que la GECAMINES a obtenu justice après la nomination d’un nouveau administrateur provisoire pour la mine, CMOC avait « refusé » à ce dernier l’accès au site, a révélé le média basé en Suisse, l’Agence Ecofin.
Par conséquent, poursuit la même source, il avait donc ordonné l’interdiction des exportations à Tenke Fungurume, une mesure en vigueur depuis 9 mois et qui a entrainé le stockage à la mine de plusieurs centaines de millions de dollars de cuivre et cobalt.
La fin du bras de fer entre la GECAMINES et la CMOC, intervient au moment où le géant chinois doit conclure de manière progressive un projet de 2,5 milliards de dollars américains destinés à augmenter de 200 000 tonnes la production de cuivre et de 17 000 tonnes celle de cobalt à Tenke Fungurume. L’ouvrant ainsi la grande porte pour détrôner le géant anglo-suisse Glencore de son fauteuil de premier producteur de cobalt au monde.