La compagnie minière chinoise CMOC a annoncé une production de 30 414 tonnes de cobalt en République démocratique du Congo (RDC) au premier trimestre 2025, soit une hausse de 20 % par rapport à la même période l’an dernier. Ce chiffre, dévoilé dans un rapport publié le 8 avril et relayé par Reuters, intervient alors que les exportations congolaises de cobalt sont suspendues depuis février.
Une interdiction pour relancer le marché
Le gouvernement congolais a décidé d’interrompre temporairement les exportations de ce métal stratégique, dans le but de redynamiser un marché en berne. En contrôlant plus de 70 % de l’offre mondiale, la RDC cherche à enrayer la baisse prolongée des prix en limitant l’offre disponible à l’international.
La mesure vise également à valoriser davantage cette ressource clé dans les chaînes de production de batteries électriques. L’excédent d’offre généré notamment par la montée en puissance d’acteurs comme CMOC — dont la production annuelle a doublé en 2024 pour atteindre 114 000 tonnes — a contribué à faire chuter les cours au cours des dernières années.
CMOC poursuit ses activités sans interruption
Malgré l’interdiction, CMOC a assuré que ses opérations en RDC se poursuivent normalement. Le cobalt étant un sous-produit de l’extraction du cuivre dans ses mines de Tenke Fungurume et Kisanfu, il est difficile d’en stopper la production sans affecter le rendement en cuivre, dont les prix restent attractifs.
L’entreprise maintient donc ses prévisions pour l’année, tablant sur une production comprise entre 100 000 et 120 000 tonnes de cobalt. Elle signale par ailleurs une hausse de 15,7 % de sa production de cuivre sur la même période.
Un pari économique qui commence à porter ses fruits
Depuis la mise en œuvre du blocage, les prix du cobalt ont connu une hausse spectaculaire. Sur le London Metal Exchange, le cours au comptant est passé de 21 000 à 33 000 dollars la tonne entre fin février et fin mars, soit une augmentation de 57 %.
Kinshasa y voit un succès de sa stratégie et anticipe une amélioration significative des recettes publiques. Toutefois, la possibilité d’une prolongation de l’interdiction entretient l’incertitude sur la capacité des entreprises à profiter pleinement de la hausse actuelle des prix.
Consciente des risques d’une chute des cours en cas de reprise massive des exportations, la RDC envisage la mise en place de quotas d’exportation. Objectif : stabiliser durablement le marché, éviter une nouvelle saturation de l’offre, et asseoir la souveraineté du pays sur la gestion de ses ressources stratégiques.
Pierre Kabakila