La coalition citoyenne Congo N’est Pas à Vendre (CNPAV) appelle la Suisse à restituer aux communautés congolaises affectées les profits miniers obtenus illicitement à la suite de scandales de corruption impliquant des entreprises étrangères. Cette demande, relayée par l’ONG suisse Public Eye, est contenue dans un communiqué publié jeudi 30 octobre et consulté par Mines.cd.
Selon le rapport, la Suisse aurait perçu près d’un milliard de dollars en provenance de sociétés étrangères opérant dans le secteur minier congolais, des fonds censés compenser les dommages subis par les populations locales. Cependant, la majeure partie de ces montants reste bloquée à l’étranger, sans bénéficier aux victimes des pratiques de corruption dénoncées.
Le document met en cause la multinationale Glencore, déjà impliquée dans plusieurs affaires de corruption en République démocratique du Congo (RDC), souvent facilitées par des intermédiaires et hommes d’affaires influents, dont Dan Gertler. Les profits détournés n’ont jamais été restitués, accentuant la précarité économique et sociale des communautés minières.
Une législation suisse à réformer d’urgence
La coalition CNPAV et Public Eye réclament une réforme de la législation suisse, afin d’obliger la Confédération à reverser directement aux populations congolaises les sommes issues des poursuites pour corruption menées contre des multinationales minières.
En 2024, le Ministère public de la Confédération (MPC) avait condamné Glencore à une amende de 2 millions de francs suisses et à une créance compensatrice de 150 millions de dollars américains pour corruption liée à ses activités en RDC.
Mais selon la coalition, aucun centime de ces fonds n’a été reversé au peuple congolais. Ces 150 millions de dollars ont été intégrés au budget fédéral suisse, privant ainsi les victimes de toute compensation réelle.
Une délégation de CNPAV s’était d’ailleurs rendue en Suisse pour rencontrer des ONG, des parlementaires et des membres de l’exécutif helvète afin de plaider pour la restitution directe de ces fonds à la RDC.
Jean-Claude Mputu dénonce la complicité des autorités congolaises
Le porte-parole de la coalition, Jean-Claude Mputu, fustige l’inaction du gouvernement congolais dans ce dossier :
« Nous dénonçons non seulement l’inaction des autorités congolaises, mais aussi leur complicité tacite face à ces pratiques. Leur silence compromet la lutte contre la corruption et aggrave la souffrance des populations. »
Jean-Claude Mputu appelle également les gouvernements africains et européens à garantir l’indépendance des enquêtes et à faire respecter la responsabilité des multinationales et des États d’origine.
Une impunité persistante
L’affaire illustre, selon la coalition CNPAV, le laxisme juridique qui permet à la Suisse et à d’autres nations occidentales de conserver les profits miniers issus de la corruption, sans sanction véritable contre les entreprises impliquées.
La coalition exhorte enfin les autorités congolaises et la justice nationale à ouvrir des enquêtes indépendantes sur les dossiers Glencore et Dan Gertler, afin que la lutte contre la corruption profite réellement aux communautés du secteur extractif, premières victimes de ces détournements à grande échelle.
Daniel Bawuna

 
             
         
         
         
        


