Le gouvernement congolais hausse le ton face à ce qu’il qualifie de spoliation organisée de ses ressources minières par le Rwanda. Lors d’un point de presse conjoint tenu ce mardi 27 mai 2025, les ministres Julien Paluku (Industrie) et Patrick Muyaya (Communication et Médias) ont dénoncé une exploitation illicite massive des minerais congolais, notamment le coltan, au profit de l’économie rwandaise.
Julien Paluku s’est dit stupéfait de l’augmentation spectaculaire des exportations de coltan par Kigali : « En 1994, le Rwanda exportait 40 tonnes de coltan. Aujourd’hui, il en exporte 2 000 tonnes, en puisant essentiellement dans la mine de Rubaya, en RDC », a-t-il déclaré.
Pour le ministre de l’Industrie, cette hausse ne peut s’expliquer autrement que par le pillage des ressources congolaises, facilité par l’insécurité persistante dans l’Est du pays.
Patrick Muyaya a, de son côté, mis en avant le rôle stratégique du secteur minier dans l’économie nationale : « En 2023, plus de 70 % de la croissance du PIB de la RDC a été portée par les mines, grâce notamment au cuivre et au cobalt. Cette richesse aiguise la convoitise de certains pays voisins, dont le Rwanda, qui tente de s’en approprier coûte que coûte. »
Une certification jugée illusoire
Le ministre Paluku a également remis en cause la crédibilité du Mécanisme régional de certification de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), censé garantir l’origine légale des minerais.
« Le Rwanda a été le premier à émettre des certificats de minerais exempts de conflit’ dès 2013. Mais ces documents ne sont qu’un stratagème de Kigali pour légitimer le pillage des ressources congolaises », a-t-il estimé.
Selon lui, les gisements prétendument certifiés au Rwanda sont fictifs. « Quand j’étais gouverneur du Nord-Kivu, j’avais alerté : le Rwanda a une politique de confiscation de nos minerais. Ils guident les inspecteurs vers des mines fantômes. Rendez-vous au Rwanda, vous verrez qu’il n’y a pas de véritables gisements de coltan ou d’or », a-t-il martelé.
Le gouvernement congolais appelle à une prise de conscience régionale et internationale sur la nécessité de protéger les ressources stratégiques du pays et de mettre fin à l’exploitation illégale qui alimente les conflits dans la région des Grands Lacs.
Pierre Kabakila