L’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila Kabange, a brisé le silence ce vendredi 23 mai 2025 en s’adressant à la nation via une plateforme numérique. Dans ce message inédit, celui qui se présente désormais comme opposant au régime Tshisekedi a dressé un tableau sombre de la situation économique du pays, tout en revendiquant les réformes menées sous son règne comme socle de la performance actuelle des recettes publiques.
Mais sa sortie n’est pas restée sans réponse. Le ministre des Finances, Doudou Fwamba Likunde, a vivement réagi, accusant l’ancien chef de l’État d’avoir organisé un vaste système de détournement de fonds publics, notamment dans le secteur minier, durant ses 18 années à la tête du pays.
Des accusations chiffrées : « 2 milliards USD disparus à la Gécamines »
Sur son compte X (ex-Twitter), le ministre des Finances a dévoilé plusieurs chiffres accablants. « Des réserves de change qui n’ont jamais atteint 3 milliards USD pendant 18 ans. Plus de 2 milliards de dollars disparus entre 2010 et 2019 à la Gécamines », a-t-il dénoncé.
Il accuse par ailleurs le régime Kabila d’avoir cédé des actifs miniers à vil prix, détourné des redevances issues de joint-ventures et utilisé les ressources publiques pour des intérêts privés. « Des centaines de millions de dollars ont été directement retirés de la Banque Centrale du Congo, à l’instar des 350 millions USD de pas de porte de la SICOMINES. Des millions d’autres ont servi à créer des entreprises privées à caractère familial », a détaillé le ministre.
Kabila défend son bilan, Fwamba met en avant les performances actuelles
Lors de son adresse, Joseph Kabila s’est targué des réformes initiées sous son règne, notamment les nouveaux codes minier, forestier, des hydrocarbures, des assurances et de la sous-traitance. Selon lui, ces réformes ont jeté les bases de la performance actuelle des finances publiques.
Pourtant, les chiffres récents du ministère des Finances contredisent sa version. Selon les données consultées par Mines.cd, les recettes intérieures de l’État en 2024 ont atteint 25 200 milliards de francs congolais (environ 8,87 milliards de dollars), soit un taux de réalisation de 103,2 % par rapport aux prévisions budgétaires initiales de 24 407 milliards de CDF.
Les perspectives pour 2025 confirment cette dynamique. Le projet de loi de finances prévoit des recettes minières à hauteur de 14,82 billions de francs congolais (environ 5 milliards de dollars), en hausse de 41 % par rapport à 2024.
Au-delà des chiffres, cet échange musclé illustre les tensions croissantes entre l’ancien régime et le pouvoir actuel, dans un contexte des accusations de mauvaise gestion comme argument pour fragiliser le camp opposé. Tandis que Joseph Kabila tente de redorer son blason politique, Doudou Fwamba, figure montante du régime Tshisekedi, s’érige en gardien de l’orthodoxie financière.
Daniel Bawuna