Genève a été, ce 20 novembre 2025, le théâtre d’une offensive diplomatique majeure menée par la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka. En mission stratégique, la cheffe du Gouvernement a porté la voix de la République démocratique du Congo face aux acheteurs internationaux, acteurs industriels et partenaires techniques, avec un objectif clair : sécuriser, assainir et stabiliser la chaîne d’approvisionnement des minerais stratégiques issus de l’Est du pays.
Selon la cellule de communication de la Primature, les discussions se sont articulées autour de trois piliers essentiels. Le premier portait sur la présentation du plan d’urgence de 5 milliards USD annoncé par le Président Félix Tshisekedi pour la reconstruction du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, deux provinces encore ravagées par les groupes armés et les trafics transfrontaliers.
Le second axe a concerné la mise en place d’un mécanisme renforcé de traçabilité afin de contrer la contrebande persistante des minerais dits 3T (étain, tantale, tungstène), dont une part importante échappe encore au contrôle de l’État. L’enjeu : couper les flux financiers qui nourrissent l’économie de guerre.
Enfin, l’exécutif congolais a réaffirmé son engagement à transformer les ressources minières en vecteurs de paix et de développement local, en garantissant plus de transparence, de responsabilité et de retombées pour les communautés vivant à proximité des sites d’exploitation.
Le Ministre des Mines, Louis Watum Kabamba, a donné une tonalité forte à cette rencontre, dénonçant ouvertement les complicités extérieures qui alimentent les réseaux illicites :
« Il est temps d’arrêter cette hypocrisie… nous devons conjuguer tous nos efforts pour que le minerai soit tracé depuis le site d’extraction jusqu’à sa commercialisation. »
Par cette volonté affirmée de rompre avec un modèle opaque et violent, Kinshasa espère repositionner la RDC comme un acteur souverain, capable d’imposer ses standards et d’encadrer solidement les flux miniers destinés aux industries mondiales.
Pour plusieurs observateurs, la réunion de Genève marque un tournant stratégique : celui d’une RDC qui n’entend plus subir la géopolitique de ses ressources, mais qui choisit de la maîtriser et de l’ériger en levier de stabilité et de prospérité partagée dans toute la région des Grands Lacs.
Pierre Kabakila




