L’intérêt croissant des entreprises américaines pour le secteur minier en République démocratique du Congo (RDC) soulève des enjeux stratégiques liés à l’accès aux ressources et au respect du cadre légal. Jean-Pierre Okenda, analyste senior en gouvernance des industries extractives, a apporté son éclairage sur ces défis dans une interview accordée à MINES.CD.
Un cadre légal garantissant le libre marché et la propriété minière
D’après Jean-Pierre Okenda, le Code minier congolais consacre le principe du libre marché et protège les droits de propriété des entreprises minières, aussi bien sur la production que sur les réserves certifiées.
« Le Code minier protège le droit de propriété des sociétés minières et garantit un accès au marché basé sur la concurrence », explique-t-il.
Cette protection s’applique notamment aux minerais stratégiques tels que le cuivre, le cobalt et le lithium, dont l’exploitation est actuellement entre les mains de sociétés privées.
« Les réserves connues et documentées aujourd’hui appartiennent à des entreprises privées », précise Okenda.
La Gécamines, un acteur clé dans l’avenir du secteur
La Gécamines, société minière étatique, détient à elle seule 90 permis miniers, faisant d’elle un acteur incontournable du secteur. Toutefois, ces permis nécessitent d’importants investissements pour être pleinement exploités.
Le gouvernement congolais envisage de céder certains permis de la Gécamines à des partenaires stratégiques. L’ouverture de négociations pourrait permettre aux entreprises américaines de s’impliquer davantage, notamment dans la transformation locale des minerais.
« Si les entreprises américaines souhaitent investir dans la transformation des minerais, la RDC pourrait leur accorder la priorité », souligne Jean-Pierre Okenda.
L’article 266 du Code minier donne d’ailleurs au gouvernement la possibilité de fixer des quotas de production destinés à l’industrie locale.
Un marché ouvert, mais réglementé
Bien que la RDC ne restreigne pas l’accès aux investisseurs étrangers, l’État congolais garde un droit de régulation sur les quantités de minerais destinées à l’industrie nationale. Ces ressources doivent être vendues à un prix conforme aux normes du marché international.
En dépit de ces opportunités, le secteur minier congolais reste sous-exploré. Actuellement, seuls 19% du territoire sont contrôlés, laissant plus de 80% des ressources inexploitées.
« Le potentiel géologique du pays est immense, mais notre connaissance des gisements reste encore limitée », a conclu Jean-Pierre Okenda.
Pierre Kabakila