La société Cominière est au centre d’un scandale de corruption avérée et détournement d’environ 70 millions de dollars américains. D’après la Coalition Congo N’est à Vendre (CNVAP), il s’agit d’une dotation qui aurait été effectuée par Zijin Mining au profit d’une organisation non gouvernementale (ONG) dirigée par Monsieur Jean E’ngazi, qui est par ailleurs membre du conseil d’administration de cette entreprise du portefeuille de l’état.
D’après la coalition CNPAV, ce constat fait, ne que le plus récent d’une succession d’informations inquiétantes sur la gestion opaque des actifs de lithium
du pays par la Cominière – une société du portefeuille de l’Etat. Pour ce faire , cette plateforme de lutte contre la corruption, demande une enquête officielle et que les hauts fonctionnaires impliqués dans la mauvaise gestion des ressources du pays soient tenus redevables.
Particulièrement, la Ministre des mines, Antoinette N’Samba est appelée à clarifier le détournement de cette somme de 70 millions USD impliquant un administrateur de la Cominiere.
« Les fonds pour les interventions sociales octroyés en marge de la conclusion d’un contrat minier stratégique devraient être gérés par l’État congolais et non par une entité privée. Pire, le transfert de $70 millions à une ASBL dont le président est membre du conseil d’administration de la Cominière ayant participé aux discussions pour l’accès à ce permis minier, pourrait constituer un acte de corruption», a révélé la coalition CNPAV.
Plus loin, cette plateforme qui milite contre les anti-valeurs, a estimé que ces paiements pourraient créer des conflits d’intérêts à travers un enrichissement illicite des membres du conseil d’administration de la Cominière et constitue en effet un détournement des fonds au détriment de la population congolaise qui vit dans l’extrême pauvreté.
« Cette pratique est contraire au code de conduite des agents de carrières et de l’administration publique. Les membres du conseil d’administration de la Cominière sont responsables de décisions importantes concernant les précieux actifs miniers de la RDC, décisions qui pourraient clairement être influencées par des paiements importants aux organisations privées des membres du conseil d’administration par un investisseur», a dénoncé la coalition CNPAV.
Face à ce qui précède, le Congo N’est à vendre interpelle la Ministre des mines à prendre des mesures urgentes pour faire la lumière sur cette affaire et punir les responsables de ce détournement.
Le CNPAV appelle au gouvernement de la République et les institutions de contrôle à lancer une enquête officielle sur la mauvaise gestion par la Cominière et les ministères des mines et du portefeuille, du gisement de lithium de Kitotolo-Manono;
Dans ce même ordre d’idées, la coalition Congo N’est à Vendre a formulé quelques recommandations, notamment :
- Inscrire cette question au conseil des ministres et inviter la ministre des mines devant la presse dans le cadre de la redevabilité du gouvernement;
- Inviter la ministre des mines devant le parlement pour lui dresser une question orale avec débat sur le dossier Cominière.
Rappel des faits
La République démocratique du Congo (RDC) possède un des gisements de lithium les plus stratégiques du monde, notamment le gisement de Kitotolo-Manono, dans le Tanganyika. Dans le contexte de la transition énergétique, ce minerai est hautement convoité en raison de son utilisation dans les batteries des véhicules électriques. Le gisement de lithium de Manono présente un énorme potentiel pour aider la RDC à se développer économiquement. Cependant, il a été au centre de nombreuses accusations, notamment de corruption et de mauvaise gestion.
Ce gisement a fait l’objet d’une forte compétition entre investisseurs et appartenait jusqu’en 2022 à Dathcom, une joint-venture contrôlée par une société australienne AVZ Minerals. En avril 2022, le ministère avait demandé la rétrocession de la partie nord-est du gisement, et a ensuite annulé le permis pour Kitotolo-Manono complètement en février 2023. Vu le fort intérêt d’investisseurs pour le site, le gouvernement aurait dû organiser un appel d’offre pour négocier un accord en position de force. En lieu et place, le ministère semble avoir permis à la Cominière de négocier de gré à gré un accord avec Zijin Mining qui reste non publié jusqu’à aujourd’hui.
En octobre 2023, la Cominière a signé un nouveau contrat de coentreprise avec Zijin Mining lui donnant effectivement le contrôle de la section nord-est du gisement Manono en créant une coentreprise appelée Manono Lithium SAS, Il a été annoncé que dans le cadre de cet accord, Manono Lithium ferait une donation de 70 millions de dollars pour soutenir les efforts humanitaires dans l’Est et le Nord-Est de la RDC Le 19 avril 2024, Africa Intelligence a rapporté que Zijin Mining avait fait cette donation à une ONG relativement méconnue appelée « Le Bouclier », et que le président de cette ONG est Jean David E’Ngazi, membre du conseil d’administration de la Cominière.