Après plusieurs mois de divergence, le groupe chinois CMOC et son partenaire public, la Générale des Carrières et des Mines (GECAMINES), ont trouvé un terrain d’entente sur le dossier de « paiement des redevances » relatif à l’opération de Tenke Fungurume, a révélé un dossier de la bourse de Hong Kong.
Les exportations de Tenke Fungurume qui, représentent actuellement une grande source de cuivre et l’une des plus grandes mines de cobalt au monde, étaient bloquées depuis juillet 2022, en République démocratique du Congo suite à ce désaccord entre la CMOC et la GECAMINES.
La même source hongkongaise a précisé « qu’aucun détail financier d’aucun accord n’a été donné et le dossier ne faisait aucune mention de projets d’exportation », en même temps le géant chinois avait gardé sa mine en activité pendant toute la durée de son bras de fer avec l’entreprise minière étatique. Selon les calculs publiés par MINES.CD en février dernier, le trésor de cuivre et de cobalt coincé en République démocratique du Congo était estimé à environ 1,5 milliard de dollars américains.
Le communiqué de la partie chinoise a indiqué que la société renforcera les activités conjointes avec la GECAMINES question de favoriser le développement économique et le bien-être de la République démocratique du Congo et apportera « une plus grande contribution aux coopérations amicales sino-congolaise ».
La CMOC avait récemment indiqué que « des progrès en douceur à Tenke libéreront davantage la capacité de production du site, où une expansion devrait commencer à produire cette année ». Ses actions ont également grimpé jusqu’à leur limite quotidienne de 10% à Shanghai et ont bondi jusqu’à 12% à Hong Kong.
Le sort des expéditions de CMOC depuis la République démocratique du Congo sera particulièrement « surveillé sur le marché du cobalt », où Tenke représente plus ou moins 15% de la production mondiale. Les prix des matériaux de batterie ont chuté de près de 60 % au cours de la dernière année en raison d’une demande plus faible et de l’offre croissante d’autres mines.
Un différend à plus de 7 milliards USD
Au centre de l’affaire entre la CMOC et la GECAMINES se trouvaient les accusations de l’entreprise étatique congolaise, qui affamait que le géant chinois avait « menti sur ses réserves minérales et lui devait 7,6 milliards de dollars américains de redevances et d’intérêts ». Le duo Tenke-CMOC devait également négocier un contrat de vente pour définir les conditions des futures exportations.
Une partie de la raison pour laquelle le stock est devenu si important, est que le CMOC avait gardé espoir tout au long du différend qu’une résolution était proche, ce qui l’a empêché de rappeler l’activité sur le site, selon des personnes familières avec l’opération.
Certaines estimations indiquaient que chaque jour, environ 500 tonnes de cuivre et 50 tonnes de cobalt étaient ajoutées à la réserve de métal, créant un casse-tête logistique et commercial croissant pour CMOC et ses différents partenaires.
« Et lorsque le stock commencera finalement à se déplacer, il est susceptible de déclencher une ruée vers les camions dans la région, faisant grimper les coûts de fret et ajoutant aux embouteillages logistiques chroniques à la frontière congolaise », indiquaient certains observateurs.
L’entreprise chinoise détient une capitalisation boursière estimée à près de 17 milliards de dollars américains et a déclaré l’année dernière que Contemporary Amperex Technology – le plus grand fabricant de batteries pour véhicules électriques au monde – avait accepté d’acheter une participation de 25 %. Il possède également IXM, une importante maison de négoce de métaux.
Pour rappel, Tenke Fungurume représente environ 15 % de l’approvisionnement mondial – une part de production supérieure à la tranche de 10 % de la production mondiale de pétrole contrôlée par l’Arabie saoudite. D’une étrange, le marché s’est plutôt bien débrouillé sans le cobalt de Tenke, car la demande pour une utilisation dans l’électronique a chuté et la production ailleurs augmente, faisant chuter les prix de plus de 60 % par rapport au sommet de l’année dernière et une possible libération du stock de CMOC pourrait les conduire encore beaucoup plus bas.
Monge Junior Diama