Human Rights watch a publié un rapport intitulé : Travail des enfants et violations des droits humains dans l’industrie minière de la République démocratique du Congo. Ce rapport est en fait le témoignage de Ida Sawyer, directrice de la division « crises et conflits » à Human Rights Watch qui s’est exprimée devant le Congrès Tom lantos aux États-Unis à Washington, le 14 juillet dernier.
Ida Sawyer a révélé le contexte actuel des droits humains et des enfants dans le secteur minier en particulier et en RDC en général sous le leadership de l’administration Tshisekedi, qui selon elle, reste inchangé.
« Beaucoup espéraient que la situation des droits humains et la sécurité en RD Congo s’amélioreraient avec l’arrivée au pouvoir du président Félix Tshisekedi en janvier 2019, après une crise politique prolongée et violente, liée à la volonté de l’ancien président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà de la fin de la limite de deux mandats prévue par la constitution. Mais trois ans et demi plus tard, nous n’avons toujours pas vu des progrès significatifs en matière des droits humains ou des réformes systémiques nécessaires pour enfin briser les cycles de violence, d’abus, de corruption et d’impunité qui accablent la RD Congo depuis des décennies. » lit-on dans ce rapport.
Elle note également que « le travail des enfants demeure répandu dans le secteur minier » ainsi que « d’autres violations graves des droits humains », ce défi reste énorme à relever compte tenu du « contexte de corruption endémique » que vivent la RDC.
Enjeux de l’ère
Dans le contexte actuel pour Ida Sawyer, la situation humanitaire dans le pays et surtout dans l’est reste « désastreuse ».
« Selon l’ONU, près de 5,5 millions de personnes sont déplacées dans le pays et une personne sur trois fait face à une insécurité alimentaire grave ou aiguë. Quelques 120 groupes armés sont toujours actifs dans l’est de la RD Congo, dont plusieurs comptent dans leurs rangs des combattants en provenance du Burundi, du Rwanda et de l’Ouganda voisin », a-t-elle indiqué.
Et d’ajouter : « nombre de ces groupes, ainsi que leurs soutiens au sein de l’élite politique et militaire congolaise, contrôlent des ressources minérales lucratives, les terres et les rackets fiscaux. Certains ont également recruter des enfants dans leurs rangs ».
Par ailleurs, le gouvernement congolais avait décrété l’État d’urgence dans les provinces du Nord-kivu et de l’Ituri avec comme objectif a priori, d’endiguer l’insécurité. Une décision qui selon Ida Sawyer n’a fait que « détériorée » la situation après un an plus tard.
« Dans ce contexte, la résurgence, ces derniers mois, du M23_ une rébellion soutenue à l’origine par le Rwanda et l’Ouganda et responsable de crimes de guerre à grande échelle commis il y a dix ans_ a aggravé une situation déjà difficile » a-t-elle dit.
Piste de sortie de crise
À en croire cette spécialiste de droits humains, le Rwanda et l’Ouganda ont conclu des « accords économiques avec le gouvernement Tshisekedi » pour préserver leurs « intérêts » à l’Est de la RDC. Des accords oui mais insuffisant, Ida Sawyer préconise des «réformes systémiques de la part du gouvernement congolais » et des « progrès significatifs en matière de justice pour les crimes graves ». Puisque des autorités Rwandaise et congolaise sont toutes autant impliqué dans ce crime, « les deux pays soutiennent depuis longtemps des groupes armés responsable de crimes de guerre à grande échelle afin de contrôler les ressources de l’est de la RD Congo, et les responsables n’ont jamais eu à rendre des comptes.» a-t-elle insisté.
Enfin, Ida Sawyer a dénoncé la répression persistante par les autorités face à ceux qui dénoncent la corruption dans le secteur minier.
« malgré certaines mesures positives prises au cours de la première année du mandat de Tshisekedi pour libérer les prisonniers politiques et permettre le retour des exilés, la répression des journalistes, des activistes, des critiques du gouvernement et des manifestants pacifiques s’est intensifiée au cours de deux dernières années. Les intervenants précédents ont également évoqué la corruption persistante et le manque de transparence dans le secteur minier.» a-t-elle dénoncé.