« Minerais critiques et transition énergétique : activer la voix et le pouvoir des peuples pour une transition énergétique juste», tel est le thème de la 8e édition du Forum Alternative Mining Indaba (AMI). Les travaux se déroulent à Kolwezi chef-lieu de la province du Lualaba du 2 au 4 octobre 2024.
En effet, la transition énergétique mondiale, qui vise à passer des combustibles fossiles aux sources d’énergie propres, s’impose aujourd’hui comme un enjeu majeur pour lutter contre le changement climatique. Ce processus entraîne une demande accrue en minéraux critiques, offrant ainsi une opportunité unique pour les pays riches en ressources minières, tels que la République Démocratique du Congo (RDC), d’augmenter leurs revenus grâce à l’exploitation de ces ressources. Cependant, cette transition pose également des défis majeurs, notamment en matière de gouvernance, d’implication des communautés locales et de respect de l’environnement.
La cérémonie d’ouverture a été marquée par quelques discours. Notamment celui des organisateurs SARW ( Southern Africa Resource Watch, qui s’est attelé sur le contexte et les objectifs de l’organisation de l’AMI 2024.
Le Vice-Gouverneur du Lualaba, Clément Mufundji a officiellement ouvert ces assises. Dans son discours, il a recommandé des échanges fructueux pour des conclusions favorables à la transition énergétique équitable.
La RDC, au cœur de la transition énergétique mondiale
La RDC est reconnue comme un acteur clé dans la transition énergétique mondiale. Son sous-sol regorge de minéraux essentiels à la production des technologies vertes, tels que le cuivre, le cobalt, le lithium, le nickel et des terres rares. Ces éléments jouent un rôle fondamental dans la fabrication de batteries, de panneaux solaires et de véhicules électriques, devenant ainsi des piliers de la transition vers une énergie durable.
Cependant, malgré ce potentiel considérable, plusieurs obstacles empêchent la RDC de tirer pleinement parti de cette opportunité. Des problèmes de gouvernance minière, l’absence d’une politique nationale sur les minéraux critiques et un manque d’implication des communautés locales sont autant de freins qui pourraient nuire aux bénéfices économisés.
Des communautés locales exclues et vulnérables
L’extraction des minéraux critiques, bien qu’elle offre des opportunités économiques, ainsi que des impacts considérables sur les communautés locales, ces dernières se trouvent souvent marginalisées dans les processus de décision concernant l’exploitation minière et la transition énergétique. Elles risquent de subir des impacts environnementaux et sociaux sans en tirer les bénéfices.
La crainte est que ces communautés soient instrumentalisées pour légitimer des initiatives conçues sans leur consentement intelligent, d’où l’importance de garantir leur participation active à la gouvernance des ressources minières.
Faire entendre la voix des communautés
L’Alternative Mining Indaba vise à renforcer la voix et le pouvoir des communautés locales dans le processus de transition énergétique en RDC. L’un des principaux objectifs de cette 8e édition est de sensibiliser les acteurs locaux et internationaux à l’importance d’une gouvernance transparente et inclusive des minerais critiques.
Les débats portent sur des thématiques essentielles telles que l’état des chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques, la transparence des revenus générés, la protection des droits des communautés locales et la responsabilité des Entités Territoriales Décentralisées (ETD). Les participants discuteront également de la mobilisation des revenus miniers et de la mise en place d’une politique nationale claire sur les critiques minérales.
Un engagement international pour une transition énergétique juste
L’AMI 2024 accueille environ 150 participants venant de divers horizons, y compris des représentants des communautés locales, des membres de la société civile, des représentants du gouvernement national et ceux des provinces, ainsi que des entreprises minières. Cette diversité d’acteurs est cruciale pour assurer une réflexion collective et inclusive sur les défis et opportunités liés à la transition énergétique et à l’exploitation des minéraux critiques.
En outre, un Tribunal International fictif des Peuples sera organisé lors du dernier jour de l’événement. Cette audience symbolique mettra en lumière les violations des droits des femmes dans les zones minières, rappelant ainsi la nécessité de protéger les droits humains et environnementaux dans un contexte de transition énergétique.
Des résultats concrets pour un avenir plus équitable
L’un des principaux résultats attendus de l’AMI 2024 est l’élaboration d’une feuille de route pour une participation plus active des communautés locales dans la gouvernance des minéraux critiques. En parallèle, la création d’un réseau de défenseurs des droits de l’homme, spécialisés dans la gouvernance minière et la transition énergétique, est également envisagée. Ce réseau jouera un rôle clé dans la protection des droits des communautés affectées et dans la promotion d’une exploitation minière responsable.
En somme, l’AMI 2024 entend mettre en place un cadre de coopération entre les Entités Territoriales Décentralisées (ETD) et les communautés locales, afin de garantir une gestion transparente et équitable des revenus miniers infranationaux.
Junior Ngandu