Depuis le 30 avril 2024 dernier, les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda occupent illégalement la cité minière de Rubaya, une entité située dans le territoire de Masisi, en province du Nord-Kivu, dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Depuis la prise de cette cité, plusieurs dividendes en terme de recettes très significatives échappent au trésor public. Plus de 15% de l’approvisionnement mondial en tantale, un métal rare extrait du coltan, provient de Rubaya. Le même site minier regorge dans son sous-sol de nombreux autres minerais outre le coltan, notamment le manganèse, la cassitérite et la tourmaline.
En effet, ces minerais sont exploités et exportés illégalement par cette rébellion vers le Rwanda. Pourtant, selon plusieurs sources, la production de coltan de Rubaya représente à elle seule 50% de la production nationale. Cette occupation a ouvert la voie à une exploitation artisanale.
Poumon économique dans le secteur minier au Nord-Kivu, Rubaya est également convoité par des sociétés étrangères qui tentent d’échapper au fisc, ajoutent nos sources. Le gisement clé utilisé dans la production de smartphones et d’ordinateurs se trouve à Rubaya, ce qui implique la manipulation des firmes internationales dans ce système commercial. Le tentale fait partie des minerais identifiés au début de l’année.
Dans une lettre, le gouvernement congolais interroge l’entreprise américaine Apple sur sa connaissance de l’existence des minerais dits de sang introduits via la contrebande dans sa chaîne d’approvisionnement.
Les chiffres de l’ONU contestés
Selon la Mission de l’Organisation des Nations-Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO), à travers les propos de Bintou Keita, Représentante spéciale du Secrétaire général de cette mission en RDC, nous avons appris que la rébellion générait environ 300 000 dollars par mois. Elle l’avait déclaré le 30 septembre dernier au Conseil de Sécurité des Nations-Unies.
Cependant le chiffre avancé par la cheffe de la MONUSCO est loin de refléter la réalité sur terrain. D’après nos sources sur place, la rébellion gagne plus de 450 000 dollars la semaine et 970 000 dollars le mois. Nos sources précisent que les rebelles gagnent 30 dollars à chaque puis par semaine. Et un carré minier en compte plus de 5000. A chaque rêverie, ces assaillants gagnent aussi 10 dollars par semaine alors que le carré minier en compte plus de 3000. Les minerais traités pour être vendus et acheminés au Rwanda payent par kilo 5 dollars à ce mouvement rebelle alors que la zone enregistre plus de 50 tonnes.
« C’est faux et archi-faux parce que les agens des Nations-Unies n’ont pas bien documenté et donnent des chiffres erronés. Moi, j’ai de preuves où chaque puit paie la taxe de 30$ par semaine et le carré minier compte plus de 5000 puits. Une rêverie paie 10$ par semaine et on enregistre plus de 3000 rêveries. Imaginez vous ! Les minerais traités pour être vendus et acheminés au Rwanda, chaque 1kg paie au bureau du mouvement 5$. On enregistre plus de 50 tones par semaine », a expliqué une source sur place qui a requis l’anonymat après avoir effectué une enquête auprès des creuseurs.
Certains opérateurs économiques travaillant dans la zone et d’autres à Goma, sont utilisés par la rébellion pour la commercialisation criminelle de ces minerais ajoute une autre source qui précise que ce chiffre peut changer de temps à autre car la rébellion a déjà instauré plusieurs taxes à sa guise derrière le dos de la population. Dans cette interview, cette source s’est livrée à Mines.cd, en donnant l’itinéraire de ces minerais.
« Avec l’arrivée de l’ennemi, d’autres puits ont été créés. Nous avons déjà identifié là où passent ces minerais jusqu’à être acheminés au Rwanda. Ils passent par Kitchanga, Mweso jusqu’à Somikivu, Walanda pour descendre dans le centre de Rutshuru prenant la direction de Bunagana et aller au Rwanda ».
Cette situation renforce la capacité financière de la rébellion qui la permet de faire plus de recrutement. Des jeunes gens recrutés à travers le Rwanda, l’Ouganda et certaines entités congolaises ont été déployés sur terrain vendredi dernier dans plusieurs entités sous contrôle de l’ennemi. À en croire des sources dignes, ces assaillants préparent des grandes offensives pour s’emparer de plus des zones. Cette situation se passe en dépit du processus de Luanda et aucune sanction n’est suivie, regrettent nos sources.
Azarias Mokonzi