Dans un rapport sur la situation sécuritaire en République démocratique du Congo, couvrant la période allant du 17 septembre au 17 novembre 2022, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a révélé la poursuite des affrontements entre les groupes Biloze Bishambuke et Yakutumba, pour la prise de possession des sites miniers.
Selon les informations relayées dans ce rapport, certains groupes armés congolais et étrangers continuent de s’attaquer aux populations civiles et forces de sécurité, dans la province du Sud-Kivu. Ces attaques ont été fréquemment enregistrées dans les territoires de Mwenga, d’Uvira et de Fizi.
En terme des chiffres, entre septembre et novembre 2022, on dénombre 201 atteintes à la sécurité enregistrées, 44 civils tués dont 5 femmes, 22 civils blessés, alors qu’en même temps, dans les régions de Minembwe, Bijombo et Mikenge, les opérations communes entre les armées congolaise et burundaise ont continué de s’accentuer.
Les sanctions américaines et européennes contre Alain Goetz
Homme d’affaires belge, à la tête de la Raffinerie africaine d’or (AGR), Alain Goetz a été sanctionné en mars 2022, par le département américain du Bureau du contrôle des avoirs étrangers (OFAC), pour son implication dans le mouvement illicite d’or en provenance de la République démocratique du Congo, qui a été évalué à plusieurs millions de dollars américains.
« Alain Goetz et son réseau ont contribué au conflit armé en recevant de l’or de la RDC sans remettre en question son origine. Le Trésor a été très clair : les marchés mondiaux de l’or, à chaque étape de la chaîne d’approvisionnement, doivent s’engager dans un approvisionnement responsable et faire preuve de diligence raisonnable dans la chaîne d’approvisionnement », déclarait l’OFAC dans son communiqué.
Pour sa part, l’Union européenne avait annoncé le 08 décembre dernier, avoir sanctionné Alain Goetz, en sa qualité de bénéficiaire effectif et d’ex-directeur de la société African Gold Refinery Ltd. L’organisation européenne accusait Alain Goetz de « tirer profit du conflit armé, de l’instabilité ou de l’insécurité en République démocratique du Congo en se livrant à l’exploitation et au commerce illicites de ressources naturelles ».
AGR et l’approvisionnement « en or illicite en RDC »
Alain Goetz a maintenu son contrôle sur AGR, suite à la participation majoritaire d’une entreprise de portefeuille aux Seychelles, AGR International Ltd, qui à ce jour détient la majorité des actions d’AGR, ce qui permet ainsi à Alain Goetz de rester le seul bénéficiaire effectif global de l’entreprise.
AGR s’approvisionne depuis 2016, d’or illicite auprès de mines situées dans les différentes zones de la province du Sud-Kivu, qui sont sous contrôle des certains groupes armés, dont Maï-Maï Yakutumba, Raia Mutomboki et consort.
En terme de production, AGR a une capacité de raffinage de 219 tonnes par an et est considérée comme l’une des plus grandes raffineries d’or en Afrique, après les raffineries ghanéenne et sud-africaine.
En 2018, Alain Goetz avait reconnu qu’une part des raffineries d’or d’AGR provient directement des mines de la RDC et a repris une partie importante du marché du trafic d’or en provenance de la RDC, représentant environ 150 kilogrammes d’or de la RDC par semaine, soit environ 8,5 tonnes par an, d’une valeur de 496 millions de dollars. Cela représentait la quasi-totalité des exportations totales d’or de l’Ouganda en 2018, qui étaient d’environ 10 tonnes et évaluées à 515 millions de dollars.