Les rebelles du M23, appuyés par l’armée rwandaise, ont pris ce mardi 29 avril 2025 le contrôle de Kadasomwa, une localité minière clé située dans le territoire de Kalehe, au Sud-Kivu. Cette progression inquiétante marque une nouvelle phase dans leur percée militaire à l’Est de la République démocratique du Congo.
Selon des sources concordantes, l’assaut a été lancé en début d’après-midi. Après de violents combats, les rebelles ont réussi à déloger les résistants Wazalendo, jusque-là positionnés à Kadasomwa, qu’ils considéraient comme un rempart stratégique sur l’axe Bukavu-Kalehe.
Un verrou logistique sur la RN3
Au-delà de sa valeur militaire, Kadasomwa occupe une position cruciale sur la route nationale n°3, artère majeure reliant Bukavu à Kisangani. Ce corridor, vital pour le transport des biens et le transit des ressources minières, traverse plusieurs zones sous tension comme Walikale et Lubutu. En s’emparant de cette localité, le M23 renforce ainsi sa mainmise sur les flux économiques régionaux et se rapproche de Bunyakiri, un autre point névralgique dans les hauts plateaux du Sud-Kivu.
Kadasomwa regorge de gisements d’or et de cassitérite, des ressources qui attisent les convoitises des groupes armés. Pour les observateurs, la prise de cette localité répond à une logique autant économique que militaire : sécuriser l’accès aux sites d’exploitation artisanale, contrôler les circuits d’évacuation des minerais et alimenter les réseaux de contrebande qui financent la rébellion. Des témoignages sur le terrain évoquent déjà une reprise des activités minières sous contrôle rebelle, en dehors de tout cadre réglementaire.
Une stratégie de verrouillage territorial
Depuis quelques jours, le M23 a repris plusieurs positions qu’il avait auparavant abandonnées, en dépit de l’accord de cessation des hostilités signé le 23 avril à Doha. Cette avancée militaire remet en question les efforts diplomatiques en cours et renforce la crainte d’un enracinement durable du mouvement rebelle.
La chute de Kadasomwa pourrait précéder une offensive vers Walikale, dans le Nord-Kivu. Une telle progression permettrait au M23 de verrouiller un corridor minier allant du Sud-Kivu jusqu’au Nord-Kivu, neutralisant au passage les groupes d’autodéfense et coupant les lignes logistiques de l’armée congolaise.
Azarias Mokonzi