Le conglomérat émirati International Resources Holding (IRH) a annoncé l’acquisition d’une participation majoritaire dans la société canadienne Alphamin Resources, détentrice de l’une des mines d’étain les plus riches au monde, située dans l’Est de la République démocratique du Congo.
D’après le site mining.com, la transaction est estimée à 503 millions de dollars canadiens, soit environ 366 millions de dollars américains. Elle porte sur l’achat de près de 719 millions d’actions ordinaires, représentant 56 % du capital d’Alphamin, au prix unitaire de 0,70 dollar canadien. Ces actions étaient jusque-là détenues par une filiale de la société de capital-investissement américaine Denham Capital.
Une mine stratégique dans le viseur
Avec cette prise de contrôle, IRH met la main sur la mine de Bisie, principal actif d’Alphamin, qui représente à elle seule environ 6 % de la production mondiale d’étain. Mais l’intérêt du site ne se limite pas à l’étain : tantalite, coltan et tungstène, des métaux stratégiques prisés par les industries électroniques et les technologies vertes, y sont également présents en quantités importantes.
« Cette acquisition renforce notre position sur le marché mondial des métaux industriels en intégrant à notre portefeuille l’un des plus grands producteurs d’étain de qualité supérieure », a déclaré IRH dans un communiqué.
Des répercussions géopolitiques
L’opération intervient dans un contexte diplomatique tendu. Alors que Kinshasa et Washington discutent d’un partenariat renforcé autour des minéraux critiques, l’annonce de cette vente aurait surpris plusieurs diplomates américains, selon des sources proches du dossier.
La demande mondiale en étain est en forte progression, notamment pour les soudures électroniques, les semi-conducteurs et les infrastructures d’énergies renouvelables. Elle pourrait bondir de plus de 20 % d’ici 2035, pour atteindre environ 450 000 tonnes par an.
Alphamin a produit 17 000 tonnes d’étain en 2023 et prévoyait de dépasser les 20 000 tonnes annuelles dans un avenir proche.
Une mine sous tension sécuritaire
Malgré ses performances industrielles, la mine de Bisie reste fragilisée par l’instabilité sécuritaire qui mine l’Est de la RDC. Début 2025, les opérations avaient été suspendues temporairement suite à l’avancée du groupe rebelle M23 soutenu par le Rwanda, qui avait pris le contrôle de Walikale, une ville stratégique à proximité directe du site.
Avec le soutien de l’armée rwandaise, le M23 contrôle depuis plusieurs mois des zones névralgiques de la région, dont Goma, principal hub logistique pour l’exportation des minerais.
L’activité minière n’a pu reprendre qu’après la signature, en avril dernier à Washington, d’une Déclaration de principes entre Kinshasa et Kigali, sous l’égide des États-Unis, ouvrant la voie à de nouvelles négociations de paix.
Déjà actif dans le secteur du cuivre grâce à sa participation dans la mine de Mopani en Zambie depuis 2023, IRH confirme avec cette opération son ambition de devenir un acteur incontournable des métaux stratégiques sur le continent africain.
Pierre Kabakila