En marge de sa participation à la DRC Mining Week 2025 à Lubumbashi, le Directeur Général du Cadastre Minier (CAMI), Popol Mabolia Yenga, a livré sa vision d’un secteur minier congolais réapproprié, intégré et digitalisé. Selon lui, l’avenir du pays dans ce domaine reste prometteur, à condition d’adopter une approche plus structurée et inclusive.
C’est à l’issue de sa participation au panel de haut niveau sur la feuille de route de l’industrie minière que Popol Mabolia Yenga a accordé une interview exclusive à mines.cd. Pour le patron du CAMI, le potentiel du pays n’est plus à démontrer. Ce qui manque, selon lui, c’est une réappropriation nationale des chaînes de valeur.
« L’avenir du Congo dans le secteur minier est prospère. Nous faisons plus de 3 millions et demi de tonnes de cuivre par an. C’est déjà beaucoup. Nous sommes le premier producteur de cobalt, ça c’est bien. Mais le problème, c’est qu’il faut une réappropriation », a-t-il martelé.
Vers une intégration complète de la chaîne minière
Popol Mabolia appelle à une transformation profonde du modèle d’exploitation actuel, en dépassant le simple stade de l’exportation de matières premières.
« Il faut maintenant que le sous-sol soit moins effectif que le sol. Et donc dans cette vision, le secteur minier veut faire une intégration. Maintenant, nous voulons une intégration depuis la recherche jusqu’à la transformation finale. Et vous avez vu qu’il y a déjà des segments du secteur minier qui sont dans cette situation. »
Selon lui, certains résultats concrets sont déjà visibles :
« Aujourd’hui, on ne parle pas beaucoup, mais nous sommes producteurs de lingots d’étain. Nous sommes maintenant producteurs de germanium — 25 % de la production mondiale — le cobalt, n’en parlons pas. Mais il faut une réappropriation de la part des Congolais. »
La digitalisation du Cadastre Minier en marche
Autre priorité mise en avant par le DG du CAMI : la digitalisation complète des services du Cadastre Minier, pour plus de transparence, d’efficacité et d’accessibilité.
« Quand vous venez au Cadastre Minier ou que vous êtes à distance, vous pouvez aller sur www.cami.cd, vous aurez toutes les informations. Le cadastre est un service en ligne. »
Si une partie du processus est déjà numérisée, Popol Mabolia insiste sur l’urgence de passer à une digitalisation intégrale, notamment des archives techniques et administratives.
« Le reste pour les demandes de formulaire, c’est encore manuel. Je voudrais que cette activité devienne entièrement digitalisée. Nous avons beaucoup d’études de faisabilité dans nos archives, il faut digitaliser, parce que nous ne pouvons pas les garder indéfiniment. Après, ça fait beaucoup de stockage. »
Un cadastre de proximité pour désengorger Kinshasa
Le Directeur Général ambitionne également une décentralisation fonctionnelle du CAMI, en instaurant un véritable cadastre de proximité.
« Que quelqu’un qui est au Lualaba puisse, à partir du Lualaba, faire ses démarches, plutôt que de venir à Kinshasa. C’est ça que nous disons : la digitalisation permet la transparence, et ça permet aussi la fidélité. »
Le message de Popol Mabolia Yenga est clair : la RDC possède tous les atouts pour devenir une puissance minière intégrée, mais cela nécessite une réforme structurelle, une gestion digitalisée et un leadership tourné vers la souveraineté économique. Le Cadastre Minier se veut en première ligne de cette transformation, pour permettre une gouvernance moderne et transparente des ressources du sous-sol congolais.