Peu après de la signature de l’accord de paix entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, le président américain Donald Trump a jeté un pavé dans la mare diplomatique. Lors d’une déclaration depuis le Bureau ovale, il a affirmé que les États-Unis avaient acquis « une grande partie des droits miniers du Congo», dans le cadre de cet accord inédit.
Une annonce inattendue, à portée stratégique
Entouré des ministres des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner (RDC) et Olivier Nduhungirehe (Rwanda), Donald Trump a salué «un succès diplomatique majeur» de son administration, qu’il place au même rang que ses récentes médiations au Moyen-Orient et en Asie.
« En quelques mois, nous avons instauré la paix entre l’Inde et le Pakistan, Israël et l’Iran, et maintenant entre la RDC et le Rwanda», a-t-il déclaré. «Nous avons mis fin à 30 ans de tueries dans la région des Grands Lacs.»
Mais c’est surtout la déclaration sur les ressources naturelles congolaises qui fait réagir. Le président américain a déclaré sans détour :
« Ce traité nous donne une grande partie des droits miniers du Congo. C’est bon pour l’Afrique, pour l’Amérique et pour la paix.»
Souveraineté minière en question
Si les termes exacts de cette acquisition n’ont pas encore été rendus publics, la portée de cette annonce interroge. La RDC détient les plus importantes réserves mondiales de cobalt, un métal indispensable aux batteries électriques, ainsi que d’énormes gisements de cuivre, d’or, de lithium et de coltan.
Cette sortie du président américain risque d’alimenter les critiques sur la souveraineté économique de la RDC, à un moment où le gouvernement congolais affirme vouloir mieux encadrer l’exploitation de ses ressources stratégiques.
Pour plusieurs analystes, l’enjeu dépasse la simple coopération bilatérale : il s’agit d’une lutte d’influence mondiale autour des minerais critiques, où les États-Unis cherchent à contrer la domination chinoise en Afrique centrale.
Vers un nouvel équilibre géopolitique ?
L’accord RDC-Rwanda, signé le 27 juin à Washington sous l’égide conjointe des États-Unis et du Qatar, avait déjà été salué pour sa portée régionale : il prévoit une cessation des hostilités, la coopération sur les ressources transfrontalières et la mise en place d’un cadre économique régional.
Mais avec la révélation de l’implication directe des États-Unis dans les droits miniers, l’accord prend une toute autre dimension. Certains y voient une tentative de repositionnement américain sur le marché des métaux critiques, tandis que d’autres y perçoivent une forme de néo-colonialisme économique déguisé.
Et après ?
Des voix au sein de la société civile congolaise et de la classe politique pourraient demander des éclaircissements urgents sur les clauses économiques du traité. L’opposition pourrait également interpeller le gouvernement sur la nature des engagements pris, et sur la place réelle réservée aux Congolais dans ce nouveau dispositif.
En l’absence de communication officielle de Kinshasa sur cette question, la tension risque de monter, aussi bien sur le plan interne qu’international.
Pierre Kabakila