À Luozi, dans le Kongo Central, un nouveau projet d’exploitation de manganèse attire l’attention. Porté par un partenariat stratégique entre la RDC et le Japon, il répond aux cinq axes prioritaires de diversification minière définis par le ministre Kizito Pakabomba : création de valeur locale, innovation, développement durable, intégration régionale et ouverture à de nouveaux marchés. Un modèle pour l’avenir du secteur extractif congolais.
En effet, signé au Forum économique RDC–Japon, ce partenariat stratégique entre la société congolaise Kerrith et le japonais AML marque le coup d’envoi d’un projet minier inédit à Luozi, dans le Kongo Central. À la clé : une diversification concrète du secteur minier national, bien au-delà des intentions politiques.
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Parvenir à extraire plus que du cuivre ou du cobalt : c’est le pari que vient de réussir la RDC, avec l’officialisation, à Osaka, d’un accord minier novateur autour du manganèse. Un minerai jusque-là absent des radars congolais, et qui pourrait devenir l’un des leviers majeurs de l’économie du pays.
L’annonce, faite en marge du Forum économique RDC–Japon, place la localité de Luozi, nichée dans la paisible province du Kongo Central, au cœur d’un jeu d’acteurs internationaux stratégiques.
Le Japon entre dans la danse minière congolaise
En signant ce partenariat avec Africa Manganese Link (AML), Tokyo envoie un signal fort. Le Japon, longtemps discret dans les grands investissements miniers en Afrique centrale, se positionne désormais comme un allié technologique et industriel de poids. L’accord ne se limite pas à l’extraction : il inclut des engagements en matière d’infrastructures, d’énergie, de transformation locale et de logistique. Une approche intégrée, à l’image des ambitions portées par le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, qui défend une politique de diversification sur cinq axes — tous réunis dans ce projet pilote.
Une diversification… grandeur nature
Ce qui frappe dans le projet de Luozi, c’est sa capacité à incarner concrètement la nouvelle doctrine minière congolaise.
Partenariat élargi : l’entrée du Japon comme investisseur confirme l’ouverture de la RDC à de nouveaux alliés économiques hors du prisme sino-occidental.
Nouveau minerai : le manganèse, indispensable à la sidérurgie et aux batteries électriques, élargit la gamme stratégique nationale.
Nouvelle région : en intégrant le Kongo Central, longtemps marginalisé, la cartographie minière congolaise gagne en équilibre et en inclusivité territoriale.
Transformation locale : la mise en place d’unités de traitement sur place et la production envisagée de ferroalliages participent à l’émergence d’un tissu industriel intégré.
Effet d’entraînement : routes, électrification, pont stratégique, relance agricole : c’est tout un écosystème que ce projet ambitionne de dynamiser.
Plus qu’un projet, une vision
À moyen terme, 3 500 emplois directs devraient être créés, pour 17 000 bénéficiaires indirects. Deux millions de tonnes de manganèse sont attendues chaque année, pour un investissement initial de 200 millions de dollars. Et déjà, un accord de fourniture d’électricité avec la SNEL est en discussion, tout comme la réhabilitation des axes de transport fluvial et terrestre.
En clair, ce projet qui coche toutes les cinq cases de la vision stratégique des mines congolaises, prouve que la diversification n’est pas un slogan, mais une réalité qui se concrétise.
Loin des clichés d’un pays dépendant du binôme cuivre-cobalt, la RDC montre ici qu’elle peut piloter une nouvelle génération de projets, mêlant souveraineté, transformation locale et partenariats gagnant-gagnant. Luozi devient ainsi bien plus qu’un site d’extraction : un laboratoire de la nouvelle politique minière congolaise, dans laquelle développement local, industrie nationale et attractivité internationale avancent de concert.
Junior Ngandu