Carrefour stratégique du commerce d’or, le territoire de Mambasa est devenu ces dernières années un épicentre de violences dans la province de l’Ituri. Peu documentées, ces violences nourrissent un climat de peur et d’insécurité qui s’aggrave au fil du temps, plongeant les habitants dans un désespoir croissant.
Au cœur de cette instabilité : l’or, ressource précieuse qui façonne à la fois la richesse et les tensions de Mambasa. Les zones les plus touchées par les affrontements sont celles où se concentrent les sites aurifères.
Un vide sécuritaire exploité par les groupes armés
Pour Rams Malikidogo, défenseur des droits humains, l’absence de l’autorité de l’État est l’une des causes majeures de cette situation.
« Des groupes armés naissent chaque jour. L’absence de l’État, surtout dans le secteur minier, favorise les abus », explique-t-il.
Selon lui, plusieurs milices originaires du Nord-Kivu ont migré vers l’Ituri, attirées par les opportunités offertes par ce vide sécuritaire.
« Ici, ils trouvent un terrain libre. Sous couvert de se présenter comme des libérateurs, leur véritable objectif est le pillage des minerais », ajoute-t-il.
Des zones minières hors de contrôle
Les services étatiques, dépourvus de moyens et de sécurité, n’ont pas accès à de nombreux sites miniers, souvent contrôlés par des groupes armés. Les agents de l’État se contentent de percevoir des taxes auprès des coopératives disposant de bureaux à Mambasa ou dans les maisons d’achat d’or, sans jamais pénétrer dans les zones d’exploitation occupées par les assaillants.
« Les agents n’ont pas accès aux carrés miniers contrôlés par les groupes armés. Leur travail se limite au centre de Mambasa », confie, sous anonymat, un agent local.
Des affrontements pour le contrôle de l’or
Les violences ne sont pas seulement dirigées contre les civils. Les groupes armés se livrent aussi à des affrontements entre eux, cherchant à contrôler les sites miniers ou à imposer leur leadership afin d’élargir leur influence sur le territoire.
Un appel à la restauration de l’autorité de l’État
Face à cette situation, Rams Malikidogo appelle le gouvernement congolais à reprendre la main sur le secteur minier dans cette partie de l’Ituri.
« Pour que l’État congolais s’approprie véritablement le secteur minier, il doit restaurer son autorité dans la zone. Les groupes armés doivent également mettre fin à leur lutte pour le contrôle des mines », plaide-t-il.
En l’absence d’une intervention ferme et durable, le territoire de Mambasa risque de rester prisonnier d’un cycle où la richesse de son sous-sol continuera d’alimenter la violence, plutôt que le développement.
Azarias Mokonzi