La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a tiré la sonnette d’alarme, ce lundi 10 novembre 2025, à la tribune de la COP30 de Belém, au Brésil. Devant les délégués du monde entier, l’Église catholique congolaise a dénoncé le « pillage systématique » des ressources naturelles de la République démocratique du Congo (RDC) et ses conséquences humanitaires dévastatrices.
Dans un message sans concession, Jeanne-Marie Abanda, secrétaire exécutive de la Commission nationale épiscopale du Congo, a accusé la communauté internationale de fermer les yeux sur ce qu’elle qualifie de « guerre des minerais ».
« Aujourd’hui, la RDC est victime de ses richesses. Le monde entier veut les exploiter au détriment du peuple congolais. Notre cri est clair : arrêtez de piller nos ressources sans tenir compte des habitants de ce pays », a-t-elle déclaré au micro de Vatican News.
Depuis plusieurs décennies, la RDC subit une exploitation illégale massive de ses minerais stratégiques, attisée par des conflits armés dans l’Est du pays. Pour Jeanne-Marie Abanda, il s’agit d’une guerre économique déguisée :
« Ces minerais sont devenus des minerais de sang, car on arme les pays voisins pour nous attaquer et ensuite s’approprier nos ressources », a-t-elle dénoncé, avant d’ajouter : « Tous les téléphones que nous utilisons contiennent le sang des Congolais, car c’est le coltan congolais qui permet de les fabriquer. »
Alors que le cobalt, le coltan et le cuivre congolais sont essentiels à la transition énergétique mondiale, l’exploitation anarchique de ces ressources prive le pays de toute retombée réelle. La CENCO plaide pour une « transition écologique juste » qui intègre la paix, la transparence et la participation communautaire.
« Il faut donner les moyens aux populations locales et aux peuples autochtones de protéger et gérer leurs ressources », a plaidé Jeanne-Marie Abanda. « Ces communautés ont toujours su préserver les forêts et les sols. Elles doivent désormais être au cœur des mécanismes de gouvernance minière. »
Pour l’Église, aucune stratégie de développement durable ne sera viable sans stabilité politique. « Tant que le pays est divisé, il sera impossible de mettre en œuvre des politiques efficaces », a-t-elle insisté.
Présente dans les 48 diocèses du pays, la CENCO se présente comme un acteur clé de la sensibilisation sur la justice environnementale. Mais elle déplore le manque de moyens pour concrétiser ses projets :
« Nous travaillons aux compte-gouttes, alors que nos actions pourraient aider les communautés à créer des partenariats plus équitables avec les multinationales. »
À Belém, les évêques congolais ont rappelé un message fondamental : la protection des forêts, des rivières et des minerais de la RDC ne peut être dissociée de la paix et de la justice sociale. « Sauvegarder la création, c’est défendre la dignité humaine », a conclu Jeanne-Marie Abanda, dans un appel vibrant à la conscience des nations.
Pierre Kabakila




