Le géant chinois CMOC annonçait officiellement le mardi dernier, avoir trouvé un accord avec son partenaire la Générale des Carrières et des Mines (Gécamines) au sujet du dossier relatif au « paiement des redevances minières » de sa mine de Tenke Fungurume située dans la province de Lualaba.
À cet effet, l’entreprise chinoise et la partie congolaise sont tombées d’accord sur les questions concernant le montant total du règlement, fixé à 800 millions de dollars américains sur une période de six années, un paiement qui sera échelonné par le mineur étatique, Gécamines. En même temps, au cours de la période de service existante du projet à partir de l’année en cours, Tenke Fungurume Mining a promis à allouer au moins 1,2 milliard de dollars américains en dividendes aux actionnaires.
Si cet accord semble enthousiasmer les deux parties, il n’en est pas le cas de certaines organisations congolaises, qui comme dans les précédents accords engageant la République, ont de nouveau demander une « transparence totale » se traduisant par la publication intégrale des accords et les explications sur le processus de versement de ladite somme ainsi que sa destination.
« Mon sentiment est que l’histoire se répète. Les accords entre la Gécamines et CMOC ont été signés presqu’en toute opacité. Une commission avait été mise en place, on ne sait pas comment les travaux de cette commission ont évolué, on ne sait pas qui a négocié ces accords, on ne sait pas le contenu, on nous donne les chiffres mais on ne sait rien », a expliqué Jean-Claude Mputu, porte-parole du CNPAV et directeur adjoint de l’ONG Ressource Matter, dans une interview à MINES.CD.
« L’objectif de relancer une production propre à la Gécamines n’a jamais été atteint »
Se confiant à MINES.CD, Jean-Claude Mputu a nettement rappelé qu’il ne faudrait pas oublier que la « privatisation » de la Gécamines, avait pour objectif à l’origine de relancer une production propre à ce mineur de l’État congolais, et à ce jour, cet objectif « n’a jamais été atteint ».
« Les travailleurs de la Gécamines continuent d’accumuler des mois de retard, les outils de la Gécamines continuent à se détériorer. Donc il est temps, si cet argent réel que les chinois vont nous donner – si c’est le bon, si c’est transparent – cet argent sert enfin aux travailleurs de la Gécamines et à relancer la production de la Gécamines », a-t-il martelé.
Selon lui, au cas où ces recommandations ne sont pas prises en considération, l’actuel accord sera comme tous les accords précédents, « où l’argent a été détourné par les politiciens sans que ça profite au peuple congolais ».
« Surtout plus grave en période électorale, nous savons comment les politiciens ont besoin d’argent pour leurs campagnes. Et que cet accord soit trouvé maintenant, dans l’opacité, on a un peu peur que cette histoire se répète et qu’on ne voie jamais cet argent servir à la Gécamines et au peuple congolais », a renchéri le porte-parole du CNPAV.
La genèse et le dénouement du bras de fer
En juillet 2022, l’entreprise minière étatique congolaise, Gécamines, accusait le géant chinois CMOC d’avoir « volontairement sous-estimé les réserves minérales du projet afin de payer moins de redevances, et lui devrait jusqu’à 7,6 milliards de dollars américains ».
Par conséquent, elle avait donc ordonné l’interdiction des exportations à Tenke Fungurume, une mesure qui a presque duré toute une année et a entrainé le stockage à la mine de plusieurs centaines de millions de dollars de cuivre et cobalt.
Après pratiquement neuf mois de bras de fer, en avril dernier, les deux parties – Gécamines et CMOC – avaient finalement trouvé un terrain d’attente à leur différend. Toutefois, au moment de l’officialisation de la résolution du conflit, aucune des parties n’avait donné des précisions quant à la reprise des expéditions.
« Les produits de cuivre et de cobalt de TFM sont actuellement exportés et vendus normalement comme prévu […] Les exportations du stock de TFM ont repris le 29 avril », a indiqué le porte-parole du groupe CMOC, Vincent Zhou; tout en expliquant que le géant chinois prévoit de vendre du cuivre et du cobalt à partir du stock qu’il a constitué depuis juillet de l’année dernière en fonction des besoins du marché, plutôt que de rechercher des ventes rapides.
Avant l’interruption de ses opérations d’exportation, le chinois CMOC annonçait avoir produit en 2022, 254 286 tonnes métriques de cuivre et 20 286 tonnes métriques de cobalt à partir des opérations en République démocratique du Congo.
Monge Junior Diama