Après leur acceptation par l’armée congolaise et la police des mines de la province du Nord-Kivu – faisant suite à leur participation à la traque des éléments du M23 – les groupes armés hutus congolais Nyatura-Abazungu et Pareco/FF maintiennent leur dominante main-mise sur les sites miniers détenus par la famille Mwangachuchu Hizi
Ces milices prétendent assurer la protection des creuseurs de la Coopérative des exploitants artisans miniers de Masisi (Cooperamma), organisation jadis chapeautée par Robert Habinshuti Seninga – actuellement président de l’Assemblée provinciale du Nord-Kivu – qui, à ce jour, se retrouve au centre des conflits politiques, militaires, économiques et communautaires.
Au total, six voies terrestres et lacustres qui auraient été utilisées pour transporter le coltan extrait du « PE 4731 » au Rwanda, ont été répertoriées au cours d’une récente enquête de la société civile du Nord-Kivu.
« Selon les spécialistes locaux, chaque mois, des centaines de tonnes de minerai traversent Goma et Mweso, en passant par une zone contrôlée par le M23, ou se produisent sur le lac Kivu depuis Minova, Kalungu et Bukavu, qui est le centre de la province du Sud Kivu », a appris MINES.CD des sources proches du dossier.
La SMB et le véto du gouvernement congolais
L’exploitation illégale à grande échelle a connu un accroissement sans précédent dans la concession de la Société minière de Bisunzu, qui fut de manière indirecte, fournisseuse de géants de la technologie et automobile dont Tesla, Apple ou encore General Motors.
À la tête de ce système mafieux, se trouvent plusieurs dirigeants de milices hutus, qui sont alliés à l’armée congolaise (FARDC) dans la guerre contre le M23 et qui gèrent environ mille creuseurs artisanaux de leur communauté. Alors que les activités illégales d’exploitation s’opèrent sur la concession, la production de la SMB est officiellement suspendue depuis près de trois mois, sur décision de la ministre congolaise des mines, Antoinette Nsamba Kalambayi.
« Maitre Annicha Bualankay Bonsili a envoyé le 22 juin un courrier à la ministre – également transmis au président Félix Tshilombo, dans lequel elle l’a invité à revoir sa décision, qu’elle considère comme la cause de l’évasion massive des mines », a indiqué une source proche de la SMB.
Malgré ce coup de pression, le ministère des mines de la RDC est resté sur ses gardes et n’a pas répondu aux dizaines de requêtes de la SMB en raison de la dimension politico-judiciaire et sécuritaire du dossier du député national, Édouard Mwangachuchu Hizi, actuellement jugé à Kinshasa.
À cela s’ajoutent les Emirats arabes unis, qui depuis l’année dernière sont le nouveau partenaire minier privilégié de la présidence congolaise, et ont déjà manifesté un intérêt pour le PE 4731, détenu par la SMB.
Primera Group, basé à Abu Dhabi, détient déjà Primera Gold pour sa « collecte d’or dans les provinces orientales », tandis que Primera Metals, une nouvelle entreprise en cours de création, se concentre sur le coltan de la zone de Rubaya.
Cependant, les États-Unis ont indiqué être « particulièrement préoccupée par la façon dont la SMB est traitée et par la gravité de la fraude liée au coltan de la RDC », un minéral crucial pour son industrie civile et militaire.