Alors que plusieurs sites miniers des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu sont classés en zone rouge en raison de l’insécurité, des conflits liés à l’exploitation illicite des minerais continuent d’empoisonner les relations entre autorités locales et groupes armés. Le territoire de Masisi, dans le Nord-Kivu, en est une illustration criante.
Un bras de fer oppose depuis plusieurs semaines le chef de secteur de Katoyi, une entité du territoire de Masisi, à Noah Maachano, chef du groupe armé Union des Patriotes et Démocrates pour la Défense du Congo (UPDC), autour de l’exploitation illégale de la carrière minière de Kirambo, riche en rubis et tourmaline.
Une suspension d’activités qui dégénère
Conformément à une instruction du ministère des Mines, le chef de secteur avait ordonné la suspension de toutes les activités minières sur ce site. Une opération policière a permis l’arrestation de neuf creuseurs artisanaux qui exploitaient illégalement les lieux.
Mais cette décision n’a pas été du goût de Noah Maachano. En réaction, le leader rebelle a mobilisé ses hommes pour exiger la libération immédiate des mineurs arrêtés, exerçant une pression armée sur l’administration locale. Il a ensuite exigé l’arrestation du policier ayant dirigé l’opération. Ce dernier ayant pris la fuite, sa femme a été arrêtée à sa place et demeure toujours en détention.
Des ONG dénoncent une justice par intimidation
Face à cette situation, plusieurs organisations de défense des droits humains montent au créneau. Elles dénoncent fermement les exactions commises par l’UPDC et la substitution de l’autorité de l’État par des groupes armés. Elles appellent à la libération immédiate de la femme détenue, et à l’arrêt des intimidations visant son mari.
Ces ONG réclament également une reprise en main du secteur minier par les autorités compétentes, appelant au respect des normes et à la restauration de l’ordre dans les zones riches en ressources naturelles.
Ce nouvel épisode illustre une fois de plus la fragilité de l’autorité de l’État dans une partie du Nord-Kivu, livrée à elle-même, où des seigneurs de guerre continuent de faire la loi dans l’impunité la plus totale. Malgré les efforts des autorités, la prolifération des groupes armés qui exploitent les minerais au mépris des lois en vigueur demeure un frein à la paix et à la stabilité de la région.
Azarias Mokonzi