Le marché mondial de l’or amorce un tournant décisif. Au premier semestre 2025, la demande globale s’est établie à 2 400 tonnes, selon le dernier rapport du World Gold Council (WGC) publié le 31 juillet 2025. Si le métal précieux continue d’attirer, la structure de la demande évolue profondément, portée par les investisseurs mais freinée par des acteurs traditionnels comme les banques centrales et le secteur de la bijouterie.
Longtemps moteurs de la demande, les banques centrales montrent désormais des signes de repli. Le WGC a revu à la baisse ses prévisions d’achats pour cette catégorie, qui avait pourtant franchi la barre symbolique des 1 000 tonnes par an entre 2022 et 2024. La prudence budgétaire, couplée à des prix historiquement élevés, semble avoir refroidi leur appétit.
Bijouterie : le pouvoir d’achat plombe le marché
Le secteur de la bijouterie connaît un net recul. Le WGC anticipe désormais une baisse annuelle de 248 tonnes, contre 200 prévues initialement. Les deux premiers trimestres de l’année ont été marqués par une chute de 19 % puis de 14 %, conséquence directe d’un pouvoir d’achat sous pression et de prix peu attractifs pour les consommateurs.
À contre-courant, les investisseurs institutionnels et particuliers continuent de miser massivement sur l’or. Les achats à des fins d’investissement — ETF, lingots, pièces — ont représenté, avec ceux des banques centrales, près de la moitié de la demande mondiale, soit 1 028,4 tonnes sur les 2 384,6 tonnes enregistrées au premier semestre.
Le WGC, notant la vigueur de ce segment, a relevé ses prévisions annuelles, les faisant passer de 412 à 462 tonnes. Une tendance portée par l’incertitude économique mondiale, qui pousse les acteurs financiers à se replier vers cette valeur refuge.
Technologie : l’intelligence artificielle dope la demande
Malgré un environnement économique difficile, le secteur technologique profite d’un souffle nouveau, principalement en raison de la montée en puissance de l’intelligence artificielle (IA). Résultat : une hausse de 30 % de la demande dans ce segment au premier semestre, un rebond modeste mais significatif.
Un marché en mutation, des équilibres à redéfinir
Face à ces évolutions contrastées, le marché mondial de l’or se réorganise. Le retrait partiel des banques centrales, le recul de la bijouterie et la montée en puissance des investisseurs redessinent les lignes de force d’un secteur confronté à des prix records et à une économie mondiale sous tension.
La prochaine étape ? Savoir si cette dynamique peut se maintenir, ou si elle amorce les prémices d’un nouveau cycle plus instable.
Pierre Kabakila