Le projet du corridor de Lobito, soutenu par les États-Unis, qui vise à améliorer la connectivité entre l’Angola et la République Démocratique du Congo (RDC) pour faciliter l’exportation des ressources naturelles notamment le cobalt et le cuivre, continue à subir des critiques béantes au sein de la classe sociale et politique congolaise.
Bien que certains congolais considèrent ce projet comme une opportunité de développement économique et de création d’emplois, le professeur Dady Saleh, un analyste Politico-économique pense le contraire. Dans un entretien avec Mines.ced ce vendredi 3 Janvier 2025, ce dernier craint que ce projet ne favorise le pillage des ressources par des intérêts étrangers. Il souligne ensuite que la RDC pourrait ne bénéficier que de miettes. Face aux intérêts économiques que révèlent ce projet, Dady Saleh souhaite la renégociation des accords pour garantir que les communautés locales profitent des richesses de leur région. Selon cet économiste, la RDC est le pays qui a plus d’enjeux dans ce géant projet pour lequel le gouvernement congolais devrait bien ouvrir les yeux.
« La RDC ne devrait pas signer ce contrat. Elle devrait par ailleurs le renégocier. Les actions de certains dirigeants africains risquent de ramener leur pays à l’époque où les chemins de fer étaient construits pour faciliter le transport de nos matières premières par les colonialistes », a-t-il déclaré en encourageant au gouvernement congolais à fournir des efforts pour développer un système industriel en RDC, en fustigeant que les États-Unis, investissent plus en Angola qu’au Congo.
Les matières premières en provenance des différentes provinces du Sud de la RDC transitent déjà à Kolwezi vers les ports de Durban en Afrique du Sud ou de Dar-es-Salaam en Tanzanie pour rejoindre le marché des métaux basé à Londres. En dépit de ces énormes réserves de métaux et de minéraux essentiels du pays, les habitants des provinces minières de la RDC sont loins d’être prospères. La population vie dans une situation de précarité extrême, les exposant à une vie de pauvreté aussi remarquable.
Selon le Professeur, face à une situation où les coûts sont tous supportes par une partie, alors qu’une autre reçoit le bénéfice important, les États-Unis hypothèquent un espoir qui fait fantasmer plusieurs congolais, a remarqué le professeur Dady Saleh. « Nous sommes entrain d’enterrer cet espoir avec le projet Lobito. Nous nous vantons de minéraux stratégiques qui ont déjà été bradés par les chinois, les Canadiens et d’autres. Par exemple, on nous dit que ce corridor va créer 30 000 emplois, ce qui est très peu. Un projet comme celui-ci devrait créer plus d’un million d’emplois décents ».
Comme dans un passé récent, le Professeur encourage le gouvernement à adopter le système néo-mercantile pour profiter davantage des ressources minières du pays. « Des pays comme les États-Unis, l’Arabie Saoudite et le Qatar ont su tirer profit de leurs richesses naturelles. Nous, en revanche, ne sommes même pas en mesure de les transformer chez-nous et c’est déplorable », regrette-t-il.
En novembre dernier lors de sa rencontre avec le Président américain, Félix Tshisekedi a indiqué que ce projet représente une opportunité stratégique pour valoriser les ressources naturelles de la RDC, notamment le cobalt, qui représentent 70% de la demande mondiale dans le cadre de la transition énergétique. Aussi, elle contribuera à la lutte contre le chômage, ce défi auquel fait face l’État congolais depuis nombreuses années.
Azarias Mokonzi