Le parc national de la Garamba a accueilli ce week-end 24 nouveaux rhinocéros blancs du Sud, une opération de translocation d’une rare ampleur en Afrique centrale. Au cœur du dispositif : un acteur inattendu mais devenu incontournable dans la conservation en RDC, Kibali Gold Mine.
Menée par l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) et African Parks, l’opération s’inscrit dans le programme continental « Rhino Rewild », qui vise à réintroduire plus de 2 000 rhinocéros dans des zones protégées sécurisées à travers l’Afrique.
Kibali Gold Mine, un partenaire devenu central
Si la logistique tient de la prouesse, c’est en grande partie grâce au soutien financier et matériel de Kibali Gold Mine, opérée par Barrick Mining.
« La biodiversité est le socle du développement durable. Contribuer à cette opération historique illustre notre engagement », souligne Barrick Gold Corporation dans un communiqué.
Depuis plus d’une décennie, la mine soutient la lutte anti-braconnage, la surveillance écologique et les infrastructures du parc, un engagement qui s’est élargi jusqu’à cette translocation d’envergure.
Un voyage hors norme, minutieusement coordonné
Le transfert des animaux, parmi les plus importants mouvements fauniques transfrontaliers de l’année en Afrique, s’est déroulé en plusieurs étapes :
Par route, depuis la réserve sud-africaine de Munywana jusqu’à l’aéroport O.R. Tambo ;
Par voie aérienne, à bord d’un Boeing 747 vers Entebbe (Ouganda), puis d’un C-130 jusqu’en RDC.
À chaque étape, vétérinaires, logisticiens et équipes de sécurité se sont relayés pour maintenir les animaux en parfaite condition. Avant leur départ, les rhinocéros avaient passé plusieurs mois dans la réserve de Munywana pour s’acclimater à des conditions proches de celles de la Garamba.
Un retour progressif d’une espèce emblématique
Cette arrivée marque la deuxième phase de la réintroduction du rhinocéros blanc en RDC, après une première opération réussie en 2023. Les 24 nouveaux individus rejoignent une population fondatrice en croissance, désormais considérée comme génétiquement viable pour bâtir une future population reproductrice durable.
Un parc prêt et sécurisé
Classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO, la Garamba est aujourd’hui l’un des parcs les mieux protégés d’Afrique centrale, grâce à une gestion conjointe ICCN–African Parks mêlant sécurité renforcée, gouvernance stricte et participation communautaire.
« L’ajout de 24 nouveaux rhinocéros illustre l’engagement de la RDC pour la biodiversité et s’inscrit pleinement dans la vision du Chef de l’État », a déclaré Yves Milan Ngangay, directeur général de l’ICCN.
Avec ses 513 300 hectares, auxquels s’ajoutent trois réserves périphériques totalisant près d’1,5 million d’hectares, le parc se positionne comme un futur bastion de la conservation du rhinocéros en Afrique centrale.
Une alliance inédite pour la conservation
African Parks salue un partenariat « exigeant des mois de planification et une expertise pointue », selon son PDG, Peter Fearnhead. Cette opération est le fruit d’une coalition étendue associant l’ICCN, African Parks, Kibali Gold Mine, la Munywana Conservancy et plusieurs fondations internationales.
L’arrivée de ces 24 rhinocéros marque une étape déterminante dans la restauration d’une espèce iconique, décimée en RDC il y a plusieurs décennies. Elle confirme également le rôle croissant de Kibali Gold Mine dans la protection de la biodiversité, à mesure que l’exploitation minière cherche à intégrer des standards environnementaux plus élevés.
Dans les mois à venir, un suivi intensif permettra d’évaluer l’adaptation des animaux. Si cette phase se déroule comme prévu, la Garamba pourrait redevenir, à moyen terme, l’un des sanctuaires majeurs du rhinocéros blanc en Afrique centrale.
Pierre Kabakila




