La nomination de Louis Watum Kabamba au ministère des Mines dans le gouvernement Suminwa II suscite un mélange d’espoir et d’attente au sein du secteur extractif congolais. Considéré comme un technicien aguerri, l’ancien cadre de plusieurs entreprises minières hérite d’un portefeuille stratégique… mais miné par des défis structurels.
Dans une interview accordée à Mines.cd, Me Emmanuel Umpulu, coordonnateur de l’ONG Afrewatch, salue cette désignation :
« C’est une bonne nouvelle. On a confié cette responsabilité à quelqu’un qui connaît bien le secteur, avec une solide expérience acquise dans plusieurs entreprises minières », affirme-t-il.
Des défis lourds et urgents
Si le profil du nouveau ministre rassure, la liste des priorités est longue :
- Application effective du Code et du Règlement miniers, souvent contournés par des entreprises ;
- Lutte contre la pollution environnementale liée à certaines exploitations ;
- Régulation de la sous-traitance, minée par des abus et un manque d’équité ;
- Transparence dans la gestion des ressources : redevances, dotations communautaires et fonds pour les générations futures ;
- Réforme des entreprises minières publiques (Gécamines, Miba, Sokimo) en crise ;
- Organisation de l’exploitation artisanale, notamment dans le Haut-Katanga ;
- Relance de l’Entreprise générale du Cobalt, restée inactive.
Pour Me Emmanuel Umpulu, ces enjeux sont inscrits dans la réforme du Code minier révisé en 2018, mais restent largement inappliqués.
Une mission à haut risque politique et économique
Louis Watum arrive à un moment charnière : redonner confiance aux investisseurs tout en garantissant que les richesses minières profitent davantage à la population congolaise.
« Ces défis sont les leviers clés du développement minier congolais. Leur mise en œuvre déterminera si cette nomination se traduit par un véritable changement », insiste l’expert.
La balle est désormais dans le camp du nouveau ministre, dont la réussite – ou l’échec – pourrait marquer un tournant historique dans la gouvernance minière de la RDC.
Daniel Bawuna