Les responsables de l’AFC/M23 se prévalent, à coup de propagande, dans les médias internationaux, entre autres RFI, d’avoir contribué à l’amélioration des revenus des artisanaux miniers œuvrant dans l’espace sous leur contrôle depuis deux dans le Masisi, plus particulièrement à Rubaya.
En réalité, il ne s’agit qu’un épais écran de fumée noire pour cacher le désastre environnemental irréversible causé sous leur égide par l’exploitation intensive, anarchique et incontrôlée des minerais dans cette contrée, en ce compris les extorsions et la violation des droits de l’homme qui s’en suivent.
Très récemment, RFI a diffusé un reportage sur l’exploitation minière dans la zone de Rubaya, au Nord-Kivu. Des fleurs ont été, à travers des témoignages des creuseurs et autres habitants, ainsi jeté au mouvement rebelle AFC/M23, supplétif de l’armée rwandaise, pour leur avoir permis de travailler en toute sécurité, loin des exactions des Wazalendo et des FARDC, et ce sur fond d’exemption de beaucoup de taxes. Ce qui a amélioré sensiblement leurs revenus, mais cela sans vraiment révélé l’identité des sociétés avec lesquelles ils opèrent des transactions, alors que c’est un secret de polichinelle.
Cette propagande, visant à vendre une certaine image des occupants, masque cependant la face sombre de la médaille, fruit de l’exploitation intensive, anarchique et incontrôlée des minerais dans cette partie de la République. En effet, depuis deux ans que le mouvement rebelle AFC/ M23 fait sa loi, les habitants de Masisi sont aux prises avec les conséquences d’une frénésie minière qui, non seulement, n’a pas amélioré leurs moyens de subsistance, contrairement aux affirmations faites dans les médias internationaux, mais a également infligé des dommages environnementaux irréversibles et suscité des inquiétudes liées au climat.
Il va donc sans dire que les gisements miniers de Masisi ont connu et connaissent une extraction intensive par des entreprises principalement rwandaises, dont la multinationale luxembourgeoise Traxys est un des grands partenaires. La dégradation de l’environnement est visible ça et là dans cette région. Le spectacle est désolant avec des mines à ciel ouvert laissées à l’abandon, des terres non réhabilitées, ainsi que des rivières envasées.
Bref, Rubaya et Masisi, dans leur ensemble, sont devenus un exemple édifiant d’extraction incontrôlée des ressources. Leurs minerais ont ébloui les investisseurs et les élites politiques qui laissent ainsi derrière eux des familles pauvres et brisées, et un territoire dévasté. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, pendant que des centaines de tonnes de minerais évaluées en plusieurs millions de dollars sont extraits de leurs terres et exportés, les populations locales sont déplacées, et beaucoup d’entre elles sont réinstallées de force dans certains coins et recoins de la province.
Pendant ce temps, la communauté internationale a été alertée de l’exploitation continue des mineurs artisanaux par le travail forcé avec ses conséquences très néfastes aussi sur l’environnement que la santé des populations, mais rien n’y est fait. Toutefois, la société civile ne se fatigue pas de réclamer une intervention urgente et souligne, entre autres, la nécessité de transparence des revenus miniers et de respect des réglementations environnementales et sanitaires.
Paul Paluku