La décision du gouvernement congolais de suspendre temporairement l’exportation du cobalt — minerai stratégique pour les batteries, les voitures électriques et les technologies vertes — commence à produire des effets notables dans l’industrie minière. L’entreprise anglo-suisse Glencore, deuxième producteur mondial de cobalt, alerte sur le risque d’invendus massifs de sa production d’ici la fin de l’année 2025.
Dans une correspondance consultée par Mines.cd ce mercredi 6 août 2025, Glencore indique que l’interdiction prolongée d’exporter du cobalt depuis la RDC a fortement perturbé ses opérations. L’entreprise avertit qu’une grande partie de son cobalt produit sur le sol congolais reste stockée depuis février, sans possibilité de commercialisation immédiate.
« La prolongation de l’interdiction d’exportation devrait réduire considérablement la disponibilité du cobalt et accélérer la réduction des stocks, soutenant ainsi les prix », explique Glencore dans son rapport financier semestriel.
Glencore prudent, malgré la pression sur ses volumes
Malgré cette contrainte, Glencore affirme que l’impact sur ses résultats financiers devrait rester limité, grâce à des ajustements stratégiques.
« Même si nous ne parvenions pas à vendre du cobalt de RDC pour le reste de l’année, cela n’aurait pas d’impact significatif sur nos résultats. Si certains volumes commençaient à fluctuer, ce serait même un avantage », souligne l’entreprise, qui a également déclaré un cas de force majeure sur certaines livraisons de cobalt plus tôt cette année.
Sans détailler les quantités concernées, Glencore précise que sa production de cobalt en provenance de la RDC continue d’être entreposée depuis l’entrée en vigueur de l’interdiction.
Retour sur la décision de Kinshasa
En février 2025, le gouvernement congolais, par l’entremise du ministère des mines agissant par l’Autorité de régulation de contrôle des marchés de substances minérales stratégiques (ARECOMS), a instauré une interdiction de quatre mois sur l’exportation du cobalt, dans le but de freiner l’offre excédentaire mondiale et stabiliser les prix sur les marchés internationaux.
En juin 2025, une prolongation de trois mois a été annoncée, avec l’intention de mettre en place un système de quotas d’exportation, toujours en cours de définition. Cette période de transition vise également à permettre à l’État congolais de reprendre le contrôle de ses ressources stratégiques dans un contexte de pression internationale sur les chaînes d’approvisionnement.
Une production en hausse, mais sous contrainte
Glencore, qui puise une grande partie de son cobalt en RDC — pays qui détient environ 70 % des réserves mondiales —, a vu sa production croître de 19 % sur un an, atteignant 18.900 tonnes au premier semestre 2025. Ses prévisions pour l’ensemble de l’année oscillent entre 42.000 et 45.000 tonnes, contre 38.200 tonnes en 2024.
La mise en œuvre prochaine d’un système de quotas suscite de vives inquiétudes chez les opérateurs miniers, qui peinent à anticiper les volumes qu’ils pourront légalement exporter.
Alors que la RDC cherche à mieux tirer parti de ses richesses naturelles, les producteurs comme Glencore doivent composer avec un cadre réglementaire incertain, ainsi qu’avec un marché mondial du cobalt en pleine mutation, soumis à de fortes variations de la demande et des prix.
Daniel Bawuna