La mine de Rubaya dans le Masisi (Nord-Kivu) a connu ce jeudi sous le coup de 13 heures locales une de ses pages les plus sombres. A la suite de l’exploitation minière sauvage non encadrée qui se poursuit sous le M23 sans respect des normes, notamment environnementales, dans une zone déclarée « rouge » par le gouvernement congolais, un glissement de terrain s’est produit sur le site D3 Bibatama, village de Rugeshi, causant la mort de plusieurs centaines de mineurs artisanaux.
Le bilan provisoire en fin de journée était estimé à 300 creuseurs décédés. Les efforts se poursuivent ce vendredi pour récupérer les corps des personnes encore coincées sous la terre. Le bilan fait aussi mention de plusieurs personnes blessées. Cet incident survient en pleines négociations du deal minier entre la RDC et les USA. Il constitue une raison de plus qui milite en faveur du retour de la sécurité dans cette partie de la République.
Afin de s’en faire plein les poches, le M23, qui occupe depuis début mai 2024 la mine de Rubaya réputée pour ses gisements des minerais des 3T, particulièrement le coltan, continue sans désemparer l’exploitation minière sauvage dans cette zone déclarée rouge par le gouvernement congolais. Et ce, au mépris des droits humains, des règles de due diligence de l’OCDE et autres normes, notamment environnementales.
Conséquence : un glissement de terrain s’est produit ce jeudi 19 juin 2025 vers 13 heures locales sur le site D3 Bibatama, village de Rugeshi, territoire du Masisi, dans la province du Nord-Kivu. Le bilan macabre provisoire de cet incident en fin de journée était estimé à trois cents morts, selon plusieurs témoignages recueillis sur cette carrière récemment placée sous le contrôle d’un certain Bazinga, natif du village Rugeshi, devenu instrument du M23 avec responsabilité étendue sur tous les sites. Abandonnés à la tombée de la nuit, les efforts se poursuivent ce vendredi afin de récupérer plusieurs corps encore engloutis sous la terre.
Ce drame n’est pas le premier depuis fin avril-début mai 2024 que les troupes rwandaises et leurs supplétifs du M23 contrôlent la célèbre mine de Rubaya. Mais, il semble avoir plus de répercussion à cause du nombre très élevé de morts parmi les mineurs artisanaux. Ce qui laisse entrevoir que les occupants ont amplifié l’exploitation minière sauvage en ce moment où le deal, portant minerais contre la sécurité et le développement, entre les Etats-Unis de l’Amérique et la RDC est en cours de finalisation. Et comme corollaire, la fraude minière vers le Rwanda va bon train.
Mais, le comble c’est que cette exploitation illégale des ressources minières congolaises, qui s’est amplifiée depuis le passage des villes de Goma et de Bukavu entre les mains des troupes rwandaises et de leurs supplétifs du M23, se passe sous silence de certains organismes habilités à décourager cette pratique, en l’occurrence le Programme ITSCI (Initiative de la chaine d’approvisionnement de l’étain).
A travers l’ONG Kumbuka Africa qui met en œuvre sa politique en RDC, au Burundi et au Rwanda, celui-ci continue, comme si de rien n’était, à étiqueter les minerais exploités illégalement en RDC. D’autre part, il s’abstient de mettre en garde le Laboratoire Alex Stewart basé à Kigali qui procède à l’analyse des minerais qui ne proviennent pas du Rwanda et dont les propriétés physico-chimiques sont bel et bien connues.
Par ailleurs, même si le gouvernement congolais n’a plus il y a peu d’emprise sur cette partie du territoire national, cela n’exclut pas qu’il puisse, à travers le ministre national des Mines, user d’autres voies pour faire respecter, ne-fut-ce que, la réglementation internationale en la matière.
Paul Paluku Kambale