L’État congolais a mis en place un plan visant à renforcer la participation de la République démocratique du Congo et à contrôler davantage la gestion de l’entreprise mixte Sino-congolaise des mines (SICOMINES S.A), actuellement sous haute domination des entreprises chinoises.
Ce plan plan de gestion a été détaillé dans un document vu par Reuters et consulté ce jeudi 25 mai par MINES.CD, dans lequel, les demandes de la partie congolaise avant les pourparlers pour la refonte d’un accord de 6 milliards de dollars américains sur les infrastructures contre les minéraux signé en 2008, sont décrites.
Kinshasa vise systématiquement à revoir à la hausse sa participation – au sein de cette coentreprise de cobalt et de cuivre – avec des entreprises chinoises à 70% contre 30%. La RDC veut passer de 32% de parts détenues actuellement par la Gécamines à 60% plus 10% « non diluables » de parts pour l’État congolais, soit 70% pour la partie congolaise.
« Avant de se rendre en Chine, le président congolais Félix Tshisekedi, avait demandé à son gouvernement le 19 mai dernier de poursuivre les pourparlers après que les parties prenantes congolaises ont consolidé leur position sur l’accord de 2008. Le pacte déséquilibré, dit le Congo, lui laisse peu de moyens pour contrôler les opérations de l’entreprise, ainsi que les ressources et les revenus qui quittent le pays », a révélé Reuters et confirmé par les sources de MINES.CD.
Contacté par notre rédaction, une source proche de Félix Tshisekedi a rappelé qu’en mars dernier, le Chef de l’État congolais ordonnait la création d’une commission ad hoc pour « harmoniser les positions de négociation des institutions congolaises chargées de superviser l’exécution de l’accord ».
À en croire les informations nous parvenues et verifiées par notre desk de fact-cheking, deux membres de ladite commission – qui n’étaient pas autorisés à s’exprimer publiquement – ont confirmé l’authenticité du document portant le plan congolais pour renforcer sa participation dans SICOMINES mais également des conclusions, qui n’ont pas été rapportées auparavant.
Ces sources ont confié que « les conclusions serviraient de base aux pourparlers de la République démocratique du Congo avec les entreprises chinoises ».
La quête de 60% dans SICOMINES pour la Gécamines et sa filiale
La commission ad hoc mise en place pour harmoniser les positions de négociation des institutions congolaises chargées de superviser l’exécution de l’accord a, dans un document confidentiel consulté par Reuters et vérifié par MINES.CD, affirmé que la République démocratique du Congo devrait « rechercher une plus grande part dans SICOMINES car l’accord de 2008 ne tenait pas compte des réserves estimées à 90,9 milliards de dollars que la Gécamines a apportées à l’accord ».
Sinohydro Corp et China Railway Group Limited avaient convenu de construire des routes et des hôpitaux en échange d’une participation de 68% dans SICOMINES, la coentreprise de cobalt et de cuivre avec la société minière publique congolaise Gécamines.
En outre, ladite commission a également déclaré que la République démocratique du Congo devrait rechercher une participation de 60% dans SICOMINES pour la Gécamines et sa filiale, une participation non diluable de 10% pour l’État et de 30% pour les entreprises chinoises, afin de rendre l’accord de coentreprise plus équitable pour la partie congolaise.
Kinshasa veut l’augmentation de l’enveloppe de prêts pour les infrastructures
La commission ad hoc mise en place par Félix-Antoine Tshisekedi a révélé que le montant de 3 milliards de dollars américains et intérêts compris, prévu dans le précédent accord pour financer les infrastructures était « insuffisant » par rapport à la valeur des réserves minérales abandonnées par la Gécamines. Comme indiqué par Reuters, dans l’accord initial, 3 milliards de dollars américains avaient été affectés au développement de la joint-venture SICOMINES, et 3 milliards de dollars américains supplémentaires pour les infrastructures en République démocratique du Congo.
« Nous avons estimé que l’enveloppe de prêts pour les infrastructures devrait passer de 3 milliards de dollars à 6 milliards de dollars », a déclaré l’une des sources, tout en indiquant que les pourparlers de renégociation, la compensation serait évoquée.
« Nous allons demander une indemnisation forfaitaire de 2 milliards de dollars, entre autres parce que Sicomines a vendu les minerais à moitié prix aux entreprises chinoises […] bien en dessous du prix du marché », a renchéri la même source, ajoutant que cette amande sera pour tous les dommages que la République démocratique du Congo a subi.
Au cours de son voyage en Chine, Félix-Antoine Tshisekedi devrait soulever toutes ces préoccupations, cependant, « les véritables négociations avec la partie chinoise ne commenceront qu’au retour du président », a dit l’une des sources.
Jean-Pierre Okenda, directeur des industries extractives pour Resource Matters, a estimé que 90% des exportations minières congolaises vont vers la Chine, mais sa contribution au PIB ne dépasse pas 30% ». A cet effet, il a appelé à « plus de transparence » dans les négociations.
Monge Junior Diama