D’après une étude menée sur le travail des enfants dans des zones minières en République démocratique du Congo, les enfants travailleurs dans l’extraction du cobalt n’ont pas le même niveau d’éducation que ceux d’autres régions du pays.
C’est Maurizio Malpede, un assistant scientifique au centre de recherche GREEN de l’Université Bocconi en Italie, qui a mené et rendu public les conclusions de cette étude, a révélé un communiqué consulté par la rédaction de MINES.CD
D’après cette étude publiée sous forme des documents de travail dans le SSRN Electronic Journal, les personnes qui, pendant leur enfance, ont été exposées à l’exploitation minière du cobalt ont atteint environ 0,25 années d’études de moins par rapport à celles vivant dans des villages non miniers, et environ 0,2 années de moins par rapport à ceux qui vivent dans les villages entourant d’autres types de gisements miniers en RDC.
« J’ai fourni des preuves que l’exposition de l’enfance à l’extraction du cobalt dans un contexte de faible application de la réglementation sur le travail des enfants entraîne une baisse du niveau d’instruction plus tard dans la vie », a fait savoir l’auteur de l’étude Maurizio Malpede dans ce communiqué de presse.
Il a poursuivi en annonçant avoir « contribué à la littérature en montrant que la présence géographique naturelle de gisements de cobalt ainsi que les tâches de travail nécessitant spécifiquement l’utilisation d’enfants sont associées à une probabilité plus élevée que ces enfants soient employés en dehors de leur environnement domestique et à une probabilité plus faible d’être en école ».
Par ailleurs, les conclusions de Malpede montrent également que bien que l’utilisation illégale d’enfants dans les mines de cobalt touche tous les enfants entre 6 et 14 ans, elle touche légèrement plus les garçons que les filles.
La même étude présente aussi l’aspect selon lequel les enfants vivant dans des villages d’extraction de cobalt, même s’ils ne travaillent pas directement dans les mines, sont plus susceptibles d’être employés en dehors de leur foyer et moins susceptibles d’être scolarisés.
Les enfants exposés à l’extraction du cobalt se sont également avérés « à 29 % plus susceptibles de montrer des difficultés de concentration, à 10 % plus susceptibles d’avoir des difficultés à marcher et à 20 % plus susceptibles d’avoir des difficultés à comprendre les commandes orales par rapport à leurs pairs vivant dans des pays non-résidentiels », renseigne l’étude. C’est dans cette logique que ce chercheur à recommandé qu’« une réglementation plus efficace du travail des enfants peut empêcher les parents d’envoyer leurs enfants travailler dans les mines de cobalt ».
Conséquence
Dans la même occasion, il a indiqué qu’en plus des mauvais résultats scolaires, il est important de garder à l’esprit que l’abondance d’un métal ou d’une forte demande en minerai pourrait augmenter la violence dans les zones environnantes.
« En conséquence, l’éclatement de conflits pourrait entraîner une baisse de la scolarisation et une plus grande probabilité que les enfants travaillent, indépendamment du canal du travail des enfants », a-t-il ajouté.
Fondement de l’étude
Pour parvenir à ces conclusions, Malpede a combiné les données disponibles provenant d’enquêtes démographiques et sanitaires avec les emplacements précis dans lesquels le cobalt est extrait, avec un accent particulier sur le boom du cobalt de 2007 et les années suivantes.
« Dans une mine de cobalt, les enfants ne sont pas envoyés sous terre pour chercher le minerai. Au lieu de cela, ce sont principalement des trieurs, des travailleurs de surface et des nettoyeurs. Les enfants sont choisis pour effectuer ces tâches relativement peu dangereuses en raison de leurs petites mains, qui sont nécessaires pour laver la minuscule matière de cobalt de la poussière », a décrit ce chercheur.
En outre, Amnesty International avait déjà mentionné dans un rapport en 2014, qu’environ 40 000 jeunes garçons et filles travaillaient dans des sites miniers de cuivre et surtout de cobalt dans le sud de la RDC. Ce nombre devrait à cet effet augmenté dans le sens où la production des voitures électriques se développe dans le monde.
La RDC est connue pour son extraction de cobalt — environ 70 % du cobalt mondial y est extrait et entre 15 et 30 % du métal provient des mines informelles ou artisanales.
Luinyx